En 2024, l'entrée remarquée du breakdance aux Jeux olympiques de Paris 2024 et le record de fréquentation de l'exposition de street art « We are here » au Petit Palais (plus de 600 000 visiteurs en sept mois) ont fait remonter à la surface un paradoxe : si les cultures hip-hop, nées dans le Bronx des années 1980, ont depuis longtemps séduit les Français, le monde institutionnel a tardivement pris la vague, à commencer par le ministère de la Culture. Après des décennies de marginalisation, « il nous faut reconnaître ces cultures comme partie intégrante de la vie culturelle de notre pays. Il nous faut un lieu pour ce faire, un lieu qui se pense en réseau », a déclaré Rachida Dati le 18 mars à la Villette, devant une assemblée comptant le street artist JR et la DJ Jennifer Cardini. La ministre a lancé le projet d'un nouvel établissement national, « Freestyle Villette - Maison des cultures urbaines » qui ouvrira ses portes à l'automne 2025. « J’ai souhaité que soit créé un endroit qui incarne la marque de leur reconnaissance nationale, où puissent se retrouver artistes et professionnels, et qui donne de l’élan à de nouvelles générations d’artistes », a poursuivi la ministre, qui a par ailleurs cité comme « partenaires naturels » le Centre national de la musique, le Centre national de la danse et le Centre national des arts plastiques, afin d'établir une dynamique collective et transdisciplinaire. Elle a confié à Blanca Li, danseuse et directrice de la Grande Halle de la Villette depuis 2024, la mission d'ouvrir un espace de 1000 m² capable de réunir danse, musique et street-art. La Maison des cultures urbaines s'ajoute à deux autres lieux parisiens consacrés au hip-hop : la Maison du hip-hop (11e arrondissement), structure associative active depuis 2005, et La Place, qui accueille depuis 2016 au Forum des Halles (2e arrondissement) rappeurs, danseurs et graffeurs. La mairie de Paris a d'ailleurs attribué à cette dernière une nouvelle subvention de 100 000 euros. La Villette, elle, bénéficie de 1,7 million d’euros pour la rénovation d'un espace dédié de 1000 m², et d’un budget de 500 000 euros. Un appel à projets « carte blanche » sera lancé en mai prochain pour une première saison culturelle qui mélangera battles de danse, programmation musicale (showcases, séances d’écoute, freestyle…), commandes de fresques à des artistes, festivals ou encore résidences.
Une nouvelle Maison des cultures urbaines à Paris

© Photo Julien De Rosa/AFP.