Les musées belges sont-ils moins conservateurs que les musées français ? Dans ce cas précis, on peut le penser. Pour la fashion week, les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique ont prêté une œuvre phare, The Americans de Saul Steinberg (1914-1999), pour servir de décor à la présentation du maroquinier Delvaux qui s'est installé place Vendôme pour l'occasion. « Nous avons accepté ce prêt car celui-ci a du sens et que nous avons la garantie des conditions de présentation muséale », rassure Kim Oosterlinck, le directeur de l'institution bruxelloise. Cette œuvre a été créée pour le Pavillon américain lors de l'Exposition universelle de Bruxelles en 1958 – qui a également été le théâtre de défilés de mode –, année où le maroquinier a dévoilé le modèle Brillant, inspiré par les lignes filaires du Pavillon Philips (représentant la Hollande) conçu par Le Corbusier. Et pour cette fashion week, la marque de maroquinerie de luxe belge – la plus ancienne puisque créée en 1829 contre 1837 pour Hermès – souhaitait ancrer son show autour de ce classique et de cette année, « symbole et signal d'un monde qui exprime avec force et invention l'énergie la modernité et la confiance en l'avenir » justifie Jean-Marc Loubier, président de Delvaux. « Connu pour ses caricatures et ses couvertures du New Yorker, Saul Steinberg, d'origine roumaine, donne une vision de l'Amérique aux Européens avec ces panneaux qui au total mesuraient plus de 70 mètres de long », poursuit Kim Oosterlinck. Seuls 3 des 8 panneaux d'origine sont présentés – restaurés pour l'occasion grâce à cette collaboration –, et ils seront de nouveau exposés dans le musée cet été, alors que le public belge ne les avait plus vus depuis 2007.
The Americans de Saul Steinberg, Maison Delvaux, Fashion Week de Paris, place Vendôme, jusqu'au 10 mars
fine-arts-museum.be