Le Quotidien de l'Art

L'image du jour

Picabia, derniers feux

Picabia, derniers feux

Être né au 3e étage et mort au 4e étage du même immeuble ? On pourrait attendre ça d'un concierge ou d'un pilier du Bar des Sports, pas d'un bourlingueur et dynamiteur de l'art moderne ! C'est pourtant ce qui est arrivé à Francis Picabia, au 26 rue Danielle-Casanova, à Paris, tout près de la place Vendôme. De ce grand « recycleur de sources visuelles », selon les commissaires Arnauld Pierre et Beverley Calté, de celui qui disait, anticipant drôlement les menaces de l'IA, « Vous ne remplacerez jamais ce que j'ai dans la tête », il n'y avait curieusement jamais eu d'exposition sur les dernières années. Dans l'après-guerre, bien qu'affaibli (victime d'une crise cardiaque en 1944), il continue d'explorer de nouvelles pistes. Nourries de formes primitives (il est marqué par la découverte de Lascaux, même s'il n'y va pas, écoutant les comptes rendus de son ami Henri Goetz), de signes cabalistiques ou érotiques, de spirales, de points – bonjour, Mr Hirst ! –, ces œuvres ultimes, bien que peu nombreuses (une centaine de tableaux sur un corpus de près de 3 000), montrent qu'il a créé jusqu'à ses derniers jours. Et contribuent à tordre le cou à la théorie longtemps défendue par des exégètes comme William Rubin selon laquelle l'artiste Picabia meurt en 1924, avec la fin de sa période surréaliste. L'influence qu'il a en réalité eue sur Polke, Baselitz ou même Mike Kelley prouve le contraire...

hauserwirth.com

Article issu de l'édition N°3001