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Le chef-d’œuvre inconnu de Rodin

Le chef-d’œuvre inconnu de Rodin

En 1891, la Société des gens de lettres (SDGL) confie à Auguste Rodin la réalisation d’un monument à la mémoire d’Honoré de Balzac. « Je ne veux rien commencer avant d’avoir recueilli sur Balzac le plus de documents possibles », déclare Rodin à un journaliste… avant de mener son enquête. Il retrouve le tailleur de l’écrivain à qui il commande un costume lui permettant de se faire une idée précise de sa corpulence. Rodin décide de représenter l’ogre des lettres tel qu’en lui-même... mais ses esquisses ne sont pas du goût de la SDGL. Balzac était gros et l’époque est à la minceur. Dès lors, comment rendre le corps de l’écrivain présentable ? Rodin trouve bientôt la solution : recouvrir le corps indésirable par une robe de chambre, un des attributs du bourreau de travail qu’était Balzac. Le sculpteur se lance dans plusieurs études de l’ample vêtement. Dont un étonnant moulage, saisissante métaphore de l’auteur de la Comédie humaine. Lorsqu’il présente son œuvre finale au Salon de 1898, la SDGL la refuse. Il faudra attendre 1939 pour que le Balzac en bronze de Rodin soit installé à Paris, boulevard Raspail.

Article issu de l'édition N°2990