La géniale Suédoise (1862-1944) a-t-elle inventé l’abstraction ? Son père, Fredrik Viktor, commandant de la marine, enseigne l'astronomie, les sciences nautiques, les mathématiques. Ses créations abstraites intègrent des représentations issues des domaines paternels, chargées de messages spirituels. Dans sa série « WU/Rose », le « W » incarne la matière, le « U » l'esprit, « WU » l’union de dualités. La rose, associée aux Rose-Croix, ces chrétiens alchimistes opposés aux dogmes de l'Église, se retrouve dès 1879 dans ses séances de spiritisme. En 1896, à Stockholm, avec sa sœur spirituelle, Anna Cassel, elle fonde le groupe Les Cinq, sort de la pensée rationnelle et se livre au dessin « automatique », inspiré de l’écriture inventée en 1861 par le Français Allan Kardec, reprise par André Breton et Philippe Soupault. Concentré de sa trajectoire, sa série du « Cygne » débute dans la figuration symboliste et, en 1915 (la même année que la Composition suprématiste de Malevitch – coll. Beyeler), s’achève en tête-à-tête de triangles noir-blanc et de cercles emboîtés, précédant Sonia Delaunay. Rudolf Steiner, fondateur de l’anthroposophie, lui déconseille de rien montrer avant… cinquante ans, rappelle la commissaire Lucia Aguirre. Elle meurt en 1944, comme Edvard Munch, Vassili Kandinsky et Piet Mondrian.
« Hilma af Klint » au Guggenheim Bilbao, jusqu'au 2 février.
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