Galerie David Zwirner
On Kawara
Souvenirs de jeunesse
Il est plutôt connu pour ses créations conceptuelles reportant chaque jour, de 1966 jusqu'à sa mort, la date sur une petite toile – une opération menée avec une constance impressionnante pendant des décennies, comparable à la continuité de Roman Opalka éclaircissant chaque jour la peinture blanche avec laquelle il écrivait sa suite de chiffres. Mais On Kawara (né en 1933 au Japon, décédé en 2014 à New York) a connu des débuts différents. À peine âgé de plus de 20 ans, installé à Tokyo, il réalise de très grandes toiles représentant des sortes de grilles asymétriques, de gros plans en contre-plongées vertigineuses – l'une de ses hantises étant la symétrie obsessionnelle cultivée par le monde contemporain. Il ne reste que très peu de ces œuvres peuplées d'animalcules, de bras, d'assiettes, qui possèdent une étonnante dimension artisanale : l'artiste réalisait lui-même ses cadres aux contours en lignes brisées. Paradoxe qui contredit ou éclaire sa carrière à venir, la présence d'objets reconnaissables leur donne un aspect figuratif, très énigmatique, qui les a fait…