C'était un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Le temps de la génération spontanée, l'ère des missionnaires, qui, armés de leur seule conviction, ont bougé les territoires en créant des centres d'art. Ce, avant que l'État ne lance sa grande campagne de décentralisation avec les Fonds régionaux d'art contemporain (FRAC). Jean-Louis Froment, enseignant âgé de 24 ans à l'école des beaux-arts de Bordeaux, donne le la en créant en 1974 le CAPC dans l'Entrepôt Lainé. « Nous avons tout d'un coup donné un sens à cette chose qui commençait à être nommée », rappelle-t-il. « Cette chose », c'était l'art contemporain. En Bourgogne, un groupe d'étudiants jetaient en 1977 les bases du futur Consortium de Dijon avec l'association le Coin du Miroir. « Nous ne nous sommes pas trop posé la question, ça nous semblait naturel. Nous allions régulièrement en Suisse, notre modèle, c'était les Kunsthallen. Dans notre grande utopie, nous pensions qu'ouvriers, commerçants pourraient voir de…