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Quatre musées français visés par une plainte pour « abus de sous-traitance »

Quatre musées français visés par une plainte pour « abus de sous-traitance »
MUCEM, Marseille.
CC0.

De nombreux articles de presse en ont fait l'écho ces derniers jours tant la démarche est inédite dans le secteur culturel : des plaintes contre le musée du Louvre, le Palais de la Porte dorée, la Bourse de commerce et le Mucem ont été déposées le 16 octobre pour « prêt illicite de main-d'œuvre » et « marchandage ». Les quatre établissements ainsi que trois prestataires de services y opérant – Marianne International, l'agence Pénélope et Muséa – sont mis en cause par le syndicat SUD Culture pour leur recours croissant et abusif à la sous-traitance et les conditions de travail imposées à leurs agents. Resté un peu plus d'un an au Palais de la Porte Dorée avant d'être licencié en juin 2024, Thibaud y œuvrait comme agent en charge alternativement de l'accueil des visiteurs, de la billetterie, des vestiaires ou du contrôle d'accès aux espaces du musée. Son employeur n'est pas le Palais de la Porte Dorée, qui a externalisé les métiers de l'accueil auprès du prestataire Marianne International, mais aussi celui de guide-conférencier, assuré depuis sa réouverture en juin 2023 par l'agence Des mots et des arts. « Avec la réouverture de l'établissement, la fréquentation a bondi et ça n'avait pas été anticipé à ce point, explique-t-il. On était tout le temps sous tension, avec un matériel défectueux géré par un autre prestataire. J'ai des collègues qui finissaient parfois la journée de travail en larmes. » Quelques semaines plus tard, lui et ses collègues réunissent leurs griefs pour les faire remonter à l'agence et demandent, notamment, une harmonisation de leurs salaires et une majoration de leur paie le dimanche. Ces dernières seraient restées lettre morte, l'agence arguant son impossibilité d'agir du fait de sa dépendance au Palais de la Porte Dorée, son client. « L'agence ne s'intéresse pas au quotidien de ses employés sur site », poursuit Thibaud, qui décide alors de se syndiquer chez SUD Culture avec un autre collègue. Il leur aura fallu un an pour réunir des témoignages, travailler avec des avocats et enfin, déposer ces plaintes. Il précise : « On ne cherche pas tellement à dénoncer des acteurs précis, pointer du doigt certaines institutions plus que d'autres. On dénonce une politique générale, un système qui structure les établissements culturels. » Agents d'accueil, de ménage, de récolement, de médiation... très nombreux sont les métiers que les musées externalisent. Pour les établissements publics, c'est en partie dû à la révision générale des politiques publiques (RGPP) qui, depuis 2007, force les musées à créer de l'emploi là où ils ont été supprimés.

MUCEM, Marseille.
MUCEM, Marseille.
Photo : Sébastien Bertrand/CC-by-2.0.

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