Elle divise Chypre d’ouest en est depuis l’invasion du nord par la Turquie en 1974, mais elle n’est pas une simple frontière : la « ligne verte » renferme un creux oublié, une bande de terre qui, depuis 50 ans, s’est éteinte. Les fruits y pourrissent à même le sol et des fils à linge témoignent d’une vie passée. À Nicosie, côté chypriote-grec, la très animée rue Ledra, qui concentre les grandes enseignes mondialisées, s’achève en impasse : il faut présenter son passeport à un check-point pour pénétrer dans la « buffer zone » (zone tampon), un sas piéton qui relie la République de Chypre, membre de l’Union européenne depuis 2004, et Chypre du Nord (RTCN), État autoproclamé uniquement reconnu par la Turquie. Ce point de passage, le plus emprunté de l’île, des artistes en ont fait un lieu temporaire d’exposition : jusqu’au 31 octobre, des œuvres redonnent vie à une bâtisse aux fenêtres grillagées dans ce couloir urbain où, depuis longtemps, les Chypriotes ne font plus…
À Chypre, la « buffer zone » s'ouvre aux artistes
À Nicosie, l’unique capitale divisée dans le monde, la tenue d’une exposition a été autorisée à titre exceptionnel dans la « zone tampon », secteur démilitarisé placé sous le contrôle de l’ONU depuis la partition de l’île, il y a 50 ans.