Le Quotidien de l'Art

Marché

Art Basel Paris 2024 : des premières ventes solides

Art Basel Paris 2024 : des premières ventes solides
Stand de la galerie Kukje, Art Basel Paris 2024.
Courtesy Kukje Gallery.

« C'est merveilleux. On en est déjà à notre troisième réaccrochage », se réjouit Michel Rein ce jeudi 17 octobre, une heure seulement après l'ouverture au public d'Art Basel Paris. Des Edgar Sarin, Agnès Thurnauer avaient déjà été cédés par le galeriste parisien, tandis qu'une œuvre de Jimmie Durham était en passe de partir contre 300 000 à 500 000 euros. Dans le pimpant Grand Palais, les stands, dans l'ensemble moins chargés qu'à l'habitude et plus « curatés », bénéficient d'une incomparable lumière naturelle. Après une première journée VIP bien fréquentée, l'impression générale à J+2 est très positive. Plusieurs le disent : « Paris va avoir la plus grande foire au monde », « Art Basel Paris va supplanter Art Basel à Bâle »… La New-Yorkaise Gladstone a vendu pour 2 millions de dollars une accumulation d'objets de Mike Kelley. Dans l'attente de la vente d'une très belle toile découpée de Tom Wesselmann proposée pour une somme entre 5,2 millions et 5,7 millions de dollars, Almine Rech a déjà cédé plusieurs pièces de Claire Tabouret (50 000-60 000 dollars) et des Resonance Paintings d'Oliver Beer à 45 000 dollars. Grande satisfaction également pour Christophe Gaillard, qui a vendu à des collections privées des tableaux d'Hélène Delprat (35 à 180 000 euros) et se réjouit de la forte proportion de visiteurs étrangers.

Dans le vert

Plusieurs notent la présence de nombreux curieux provenant des continents américain et asiatique. Cécile Fakhoury, qui consacre son stand à Marie-Claire Messouma Manlanbien, se félicite de la vente à des institutions, notamment privées, de plusieurs tentures de raphia, pierres et aluminium. La Beyrouthine Marfa' a pu faire le voyage jusqu'à Paris malgré le terrible contexte de la guerre : les sculptures de la Libanaise Paola Yacoub (9 000-13 000 euros) ont séduit plusieurs institutions. Air de Paris a vendu plusieurs petits formats, d’Emma McIntyre (20 000-25 000 dollars) et Guy de Cointet à 20 000 dollars, et une sculpture dyptique GraDiva de Flint Jamison (35 000 dollars). Le grand tableau Safe space for a passing History_1888 estatic de Gaëlle Choisne, lauréate du prix Duchamp 2024, n’a pas encore trouvé preneur mais suscite beaucoup d'intérêt. 

L’Italienne Cardi, dont le stand aux toiles et sculptures minimalistes réunit de belles pièces de Jannis Kounellis, Gianpietro Carlesso, Daniel Buren et Donald Judd, a cédé une bonne partie de ses œuvres, entre 300 000 et 1 million d'euros. Les galeries germanophones sont aussi dans le vert. Parmi les ventes notables, citons le sold-out de Tschabalala Self (160 000-325 000 dollars) chez Eva Presenhuber, un Sheila Hicks à 360 000 dollars chez Rosemarie Schwarzwälder, des toiles de Thomas Ruff (85 000 euros chaque) et plusieurs tirages de Bernd et Hilla Becher à 20 000 euros chez Konrad Fischer. L’Américaine Blum (anciennement Blum & Poe) a déjà réassorti ses murs avec de nouvelles toiles d’Asuka Anastacia Ogawa (90 000-160 000 dollars), vendues lors de la preview VIP, tandis que Kukje, seule galerie coréenne, réitère au Grand Palais son succès de Frieze London la semaine précédente. Centré autour du groupe d’avant-garde Dansaekhwa, son stand a vu partir un Lee Ufan avoisinant le million de dollars et une toile de Ha Chong-Hyun à 240 000 dollars, ainsi qu'une sculpture de Jean-Michel Othoniel à 120 000 dollars. 

Un peu à l’écart, les galeries à l’étage sont « plus au calme, regrette l'une d'elle. Les collectionneurs ne montent pas encore les escaliers ». « On a moins de public, mais il est de qualité et reste longtemps sur le stand », note Anne Barrault, qui présente des œuvres d’Euridice Zaituna Kala et de Liv Schulman (entre 3 000 et 18 000 euros). Dans le secteur émergent, la galerie Exo Exo est la seule à montrer de la vidéo, avec Lou Fauroux. Chez The Pill, la grande installation de Nil Yalter (380 000 euros) attendait qu'une institution confirme son intérêt.

Des achats variés

Parmi les acheteurs, Véronique et Claude Bonnin, président de l’ADIAF, ont acheté chez mor charpentier  la peinture La Palmeraie (2024, 12 000-15 000 euros) de Rayan Yasmineh, artiste libano-palestinien de 28 ans. Le couple de collectionneurs a été séduit par la façon dont l'artiste mêle « la tradition orientale de la miniature, la peinture d'histoire et l'actualité géopolitique ». Un collectionneur canadien qui préfère garder l'anonymat a acheté une sculpture en bois d'Agustín Cárdenas (1927-2001) sur le très beau stand de la galerie new-yorkaise Di Donna. Les collectionneurs Iordanis Kerenidis et Piergiorgio Pepe ont, quant à eux, acquis Passive Lens (IV), pièce minimale composée de film dépoli, lentille et plexiglas de Pierre Allain, 26 ans, auquel la galerie parisienne Petrine consacre son stand dans le secteur Emergence. 

Véronique et Claude Bonnin devant une œuvre de Rayan Yasmineh, galerie mor charpentier.
Véronique et Claude Bonnin devant une œuvre de Rayan Yasmineh, galerie mor charpentier.
Photo : Rafael Pic.
Œuvre de Mike Kelley sur le stand de la galerie Gladstone.
Œuvre de Mike Kelley sur le stand de la galerie Gladstone.
Photo : Magali Lesauvage.
Stand de la galerie Air de Paris, Art Basel Paris 2024.
Stand de la galerie Air de Paris, Art Basel Paris 2024.
Photo : Marine Vazzoler.
Stand de la galerie Rosemarie Schwarzwälder, Art Basel Paris 2024. POUR L'OEUVRE A GAUCHE en croppant : Sheila Hicks, Passageway to Paradise, 2024, lin et coton.
Stand de la galerie Rosemarie Schwarzwälder, Art Basel Paris 2024. POUR L'OEUVRE A GAUCHE en croppant : Sheila Hicks, Passageway to Paradise, 2024, lin et coton.
Courtesy Galerie nächst St. Stephan Rosemarie Schwarzwälder/Photo: © Studio Sheila HicksAdagp, Paris, 2024.
Tschabalala Self, Heroine inspired by the fantasy of Saartjie Bartmann in Paris 1, 2023.
Tschabalala Self, Heroine inspired by the fantasy of Saartjie Bartmann in Paris 1, 2023.
© & Courtesy l'artiste & Galerie Eva Presenhuber, Zurich/Vienna/Photo: Lance Brewer.
Hicks, Sheila, Passageway to Paradise, 2023-24, lin, coton, soie, fils synthétiques et fils d'or. Galerie Rosemarie Schwarzwälder.
Hicks, Sheila, Passageway to Paradise, 2023-24, lin, coton, soie, fils synthétiques et fils d'or. Galerie Rosemarie Schwarzwälder.
Courtesy Galerie nächst St. Stephan Rosemarie Schwarzwälder/Photo: © Studio Sheila HicksAdagp, Paris, 2024.
Stand de la galerie Di Donna avec vue de la sculpture d'Agustín Cárdenas, la Vierge à l'enfant (1956).
Stand de la galerie Di Donna avec vue de la sculpture d'Agustín Cárdenas, la Vierge à l'enfant (1956).
Courtesy Art Basel.
Stand de Marfa Projects, Art Basel Paris 2024.
Stand de Marfa Projects, Art Basel Paris 2024.
Courtesy Art Basel.
Jimmie Durham, Juges, 1990. Galerie Michel rein, Paris/Brussels.
Jimmie Durham, Juges, 1990. Galerie Michel rein, Paris/Brussels.
Courtesy de l’artiste et Michel rein, Paris/Brussels/Photo : Gregory Copitet.
Stand de la galerie Michel Rein, Art Basel Paris 2024.
Stand de la galerie Michel Rein, Art Basel Paris 2024.
Photo : Gregory Copitet

Article issu de l'édition N°2915