Le Quotidien de l'Art

Les musées se mettent au parfum

Les musées se mettent au parfum
Une visite olfactive au musée la Piscine à Roubaix.
© Facebook / Amis du musée la Piscine de Roubaix.

C'est le sens qui nous conduit le plus à fermer les yeux. Pourtant, l’odorat fait une entrée fracassante au temple du regard, le musée. Pourquoi un tel engouement ? Quels sont les pouvoirs cognitifs de la médiation olfactive ? Enquête sur cette évolution, entre muséologie et neurosciences.

« C’est le regardeur qui fait l’œuvre. » Un siècle après le fameux adage de Marcel Duchamp, le regardeur serait-il en passe d’être supplanté par le « senteur » ? Après s’être ouverts aux parcours sonores au mitan du XXe siècle, puis aux dispositifs tactiles multipliés dans les années 1990, les musées envisagent l’odorat comme un nouveau médium de transmission. Si le parfum est un objet d’étude muséale depuis longtemps, comme en témoignent les nombreuses expositions à son sujet, il est expérimenté depuis peu comme outil de médiation.

L’un des premiers fut le musée des beaux-arts de La Rochelle, qui dans le sillage d’une exposition pour les déficients visuels testait en 2016 une table olfactive pour appréhender les collections autrement que par la vue. L’année suivante, le musée de la Chasse et de la Nature à Paris développait quatre parfums dans les collections permanentes entre effluves d’humus, de mousse et senteur métallique de la poudre et du sang. Ces créations, œuvres du nez français Antoine Lie, donnaient une touche contemporaine à la lecture artistique. En 2021, le Grand Palais immersif résumait l’œuvre d’Alphonse Mucha, auquel il consacrait ses murs, avec trois stations olfactives en fin de parcours, « pour évoquer et laisser l’imaginaire du visiteur vagabonder », expliquait Roei Amit, alors directeur des lieux. Les trois grands axes de réflexion du peintre étaient repris par une odeur fleurie, incarnant ses femmes-fleurs toutes en courbes et volutes, une senteur forte et poudrée en clin d’œil à Sarah Bernhardt que l’artiste rencontra en 1894, tandis qu’un parfum d’encens rappelait son enfance en Moravie et les grandes fresques historiques qu’elle lui inspira.

Cuir et cardamome

C’est désormais au tour des collections permanentes d’être conquises. On ne compte plus les visites olfactives ponctuelles de collections permanentes, du musée Camille Claudel à Nogent-sur-Marne au Louvre et au musée Rodin à Paris, sans…

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Article issu de l'édition N°2910