Le Quotidien de l'Art

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Verdun-Ukraine, lignes de correspondance

Verdun-Ukraine, lignes de correspondance

Cette scène d’adieu pourrait paraître banale si elle ne contenait en germe toute la sensibilité du regard d’Anastasia Taylor-Lind sur le conflit en Ukraine. Depuis l’invasion russe dans le Donbass en 2014, la photojournaliste anglo-suédoise (née en 1981) retourne régulièrement sur place pour raconter la vie ordinaire des Ukrainiens et l’impact de la guerre sur leur quotidien. « Ce n’est pas un hasard si un extrait de ce travail de longue haleine est actuellement présenté ici », explique Nicolas Barret, directeur du Mémorial de Verdun, qui a fait de la transmission de l’histoire le fil conducteur de la programmation 2024. Car bien qu’un siècle sépare les deux conflits, la guerre de terrain qui se déroule actuellement en Ukraine n’est pas sans évoquer la célèbre bataille de la Première Guerre mondiale, qui fut elle aussi une bataille défensive. Ce parallèle est souligné à l’entrée de l’exposition où, en forme d’introduction, deux vitrines présentent du matériel photo datant des deux conflits. Une façon de permettre au spectateur de prendre la mesure du métier de reporter à un siècle d’écart. Essentiellement autofinancée, cette série photo et vidéo entreprise avec l’anthropologue Alisa Sopova a été plusieurs fois récompensée, notamment par la bourse Canon de la femme photojournaliste en 2023 (une autre sélection a été présentée à Visa pour l’Image de Perpignan au Couvent des Minimes jusqu’au 15 septembre). Aux images chocs, Anastasia Taylor-Lind qui a fait des territoires en guerre l'un des axes majeurs de son travail, préfère la délicatesse et la métaphore. Ce qui ne l’empêche pas de restituer le caractère tragique de ces destins brisés, notamment en recueillant le témoignage vidéo d’Ukrainiennes réfugiées en Pologne en 2022. Le point final poignant de cette exposition.

Article issu de l'édition N°2903