En été, les paysages féériques de la Finlande sont éclairés par un soleil qui ne se couche jamais. Le titre de la première exposition de Jean-Michel Othoniel dans le pays scandinave s'inspire de cette lumière intarissable, dont on aperçoit de temps à autre le scintillement sur les sculptures en verre de l’artiste. Le projet, qui marque l'aboutissement d'échanges amorcés dix ans plus tôt à Bâle, revient sur sa carrière prolifique à travers 90 de ses œuvres recouvrant une période du début des années 2000 à nos jours, centrées sur le thème des merveilles de la nature. Et ce dans un environnement privilégié, le musée étant lui-même ancré dans la verdure et face au lac Näsijärvi : « J'ai une profonde fascination pour la botanique. Dans un pays où les fleurs fleurissent au milieu de la neige, j'ai organisé cette exposition en sélectionnant un éventail important d’œuvres qui évoquent le renouveau et l’urgence d’embrasser pleinement nos printemps éphémères », confie l’artiste, qui a revêtu nombreuses de ses pièces de chatoyantes couleurs printanières, auxquelles l'écrin brutaliste du musée rend tout l’éclat. Outre ses sculptures monumentales – de ses nœuds en acier inoxydable à ses colliers en verre de Murano, en passant par sa fontaine aux reflets irisés, conçue pour le Palais Idéal du Facteur Cheval (Drôme) et ses « visages invisibles » sculptés dans la roche volcanique – l’artiste dévoile aussi des formats plus intimes, tels que des dessins et aquarelles, ou encore de nouvelles peintures inspirées de fleurs. « J’aimerais réenchanter le monde par la beauté », confie l’artiste, qui s'est nourri à l'occasion du travail du verre en Finlande, dont on peut admirer la maîtrise à la cathédrale de Tampere. Si son œuvre est éminemment spirituelle – quoique détachée de toute religion – celle-ci est tout sauf austère, prônant davantage la réjouissance sensorielle que l'ascèse...À plus d’un titre, Jean-Michel Othoniel abolit les frontières et défie les absolus – le divorce entre corps et âme, artisanat et art, quiétude et exaltation, couleur et transparence... – pour naviguer dans un entre-deux dont émerge la poésie et nous plonger, ainsi, dans un état de rêverie et de grâce proche de celui de l’enfance.
« Jean-Michel Othoniel. Under an Endless Light », Sara Hildén Art Museum, Tampere, jusqu’au 15 septembre 2024