Le Quotidien de l'Art

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Scheidegger, l'œil empathique

Scheidegger, l'œil empathique

En l'espace de moins de dix jours, en mai 1954, il perd coup sur coup deux de ses meilleurs amis et mentors à l'agence Magnum : Werner Bischof et Robert Capa. Il décide alors de mettre entre parenthèses son activité de photoreporter sur les points chauds du globe, du Moyen-Orient au bloc de l'Est. Mais Ernst Scheidegger (1923-2016) saura se réinventer en restant dans sa discipline – en étant responsable photo de l'édition dominicale d'un grand quotidien suisse, le Neue Zürcher Zeitung, et en réorientant sa pratique vers les scènes de rue (fêtes foraines ou photographes ambulants), l'architecture, le portrait. Dans ce dernier domaine, il laissera une galerie impressionnante d'artistes saisis dans leur quotidien, en images fixes ou en films. Un lien particulier le rapprochera de Giacometti, qu'il fréquentera dans son atelier parisien de la rue Hippolyte-Maindron à partir de la fin des années 1940. Outre des stars comme Tzara, Man Ray, Miró, Léger ou Chagall, c'est toute la scène suisse qu'il immortalisera : Cuno Amiet, Eva Aeppli, Trudi Demut, Verena Loewensberg, Bernhard Luginbühl ou encore Max Bill, aux multiples intérêts, designer, architecte, fondateur de l'école d'Ulm – et enseignant hors pair faisant du tableau noir un hypnotique terrain d'expérimentation.

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Article issu de l'édition N°2871