Agnès Saal, haute fonctionnaire à l'égalité, la diversité et la prévention des discriminations au ministère de la Culture depuis 2018, ne verra pas son mandat reconduit au 1er septembre. Dans La Lettre, le secrétaire général Luc Allaire invoquait la nécessité de « sécuriser » certains postes avant le second tour des législatives le 7 juillet, en anticipation d'une éventuelle arrivée du Rassemblement national au pouvoir, qui n'aura finalement pas lieu. L'annonce est venue en même temps qu'un vaste mouvement de désignation de hauts fonctionnaires précédant les élections. Plus prosaïquement, le secrétariat général fait valoir auprès du Quotidien de l'Art un motif juridique : la durée maximale pour un emploi « fonctionnel » d'agents de haut niveau, nommés de manière discrétionnaire, est de six ans. Or Agnès Saal précise que son détachement a pris effet par arrêté du 15 septembre 2022. Le décompte des six années maximales ne débutant donc qu'à ce moment-là, il aurait été possible de la renouveler pour un an, la fonctionnaire atteignant la limite d'âge en décembre 2025. Le processus assez flou reste à la discrétion de l'administration, qui n'a pas apporté de réponse claire à nos questions. De leur côté, les proches d'Agnès Saal ont confié au Monde, à Libération et au Quotidien de l'Art, que cette décision tenait du « règlement de comptes » de la part du secrétaire général qui considérerait Agnès Saal comme une « militante woke ». La haute fonctionnaire aurait outrepassé son rôle en élargissant le périmètre de la lutte contre les discriminations défini par sa feuille de route (catégories sociales, origine géographique, égalité femmes-hommes) aux discriminations raciales, à celles liées à l'orientation sexuelle ou à l'identité de genre. Les milieux culturels lui ont publiquement apporté leur soutien : le Syndéac (syndicat du spectacle vivant), Cultur’Elles (réseau des femmes du ministère de la Culture), ainsi qu'une trentaine d'associations féministes et culturelles (Lab Femmes de Cinéma, collectifs 50/50, LaPartDesFemmes, Les Femmes s'en Mêlent, Fraap...), déclarant dans un post publié sur LinkedIn que « le non-renouvellement d’Agnès Saal est une annonce très inquiétante. (...) Infatigable défenseuse de la diversité, elle a toujours été une alliée de nos luttes, une facilitatrice inspirée et bien souvent un soutien d’envergure ». Le 7 juillet, jour même du second tour des législatives, était annoncée la nomination à son poste d'Irène Basilis, 61 ans, pour une durée de trois ans à compter du 1er septembre 2024. Directrice adjointe de l'Opéra-Comique depuis janvier dernier, Irène Basilis sillonne les structures culturelles locales et nationales depuis une quarantaine d'années. Elle débute sa carrière dans les années 1980 comme assistante de gestion au théâtre de l’Hexagone, centre culturel de Grenoble, a rejoint les affaires culturelles des mairies de Lille et Paris, et fut directrice adjointe de cabinet de la ministre de la Culture Audrey Azoulay, où elle était en charge du spectacle vivant et de la création artistique, puis inspectrice générale des Affaires culturelles. Secrétaire générale de diverses institutions – Espace Malraux à Chambéry, Halle aux Grains à Blois, MC2 Grenoble –, elle a également été déléguée danse au ministère de la Culture dans l'administration de Fleur Pellerin.