L’ancien et le contemporain se sont donné rendez-vous au Palazzo Rocca Contarini Corfù. Ce palais vénitien du XIVe siècle abrite actuellement cinquante œuvres du peintre, sculpteur et poète américain Jim Dine (né en 1935), sélectionnées et mises en scène par Gerhard Steidl, le fondateur et directeur du Kunsthaus Göttingen. Le parcours occupe deux étages donnant sur le Grand Canal de la Sérénissime. L’entrée se trouve du côté du Rio San Trovaso et débouche sur une cour où un vase XXL et un visage géant, entre autres, tous deux en bronze et habillés d’outils divers, dialoguent avec des sculptures du XVIIIe siècle. À l’intérieur, dans le même matériau, un marteau de quatre mètres de long, arqué vers le haut et surmonté de l’inscription « Dog on the Forge » (Chien sur la forge), accueille les visiteurs. Tel est le titre de l’exposition. Ce vers est tiré d’un poème composé par Jim Dine lui-même. L’expression forgée – c’est le cas de le dire – par le plasticien n’existe pas en tant que telle, mais convoque l’image d’un vieux routier soucieux de mettre la barre toujours plus haut. Et pour cause ! Dans le cadre de ce projet, que la galerie Templon mûrit depuis plus d’un an, Dine s’est surpassé. Face à quelques productions passées (ses Pinocchio et Vénus cohabitent au rez-de- chaussée), se dressent de nouvelles pièces monumentales, dont des installations conçues en plusieurs morceaux afin d’être montées sur place au milieu de fresques et de moulures historiques. Au sujet de ses peintures les plus récentes, l’artiste, qui a cherché à leur donner une certaine épaisseur, déclare : « Cela ne m’intéresse pas de les rendre belles, je taille des images qui doivent vous émouvoir. » Pari tenu.
« Dog on The Forge », jusqu’au 21 juillet, au Palazzo Rocca Contarini Corfù, Venise.