À l’heure de la politique-spectacle, les électeurs ont montré à travers le monde qu’ils avaient perdu les mécanismes d’autrefois – de longues fidélités à un même parti, souvent familiales, se transmettant de père en fils – au profit d’un zapping généralisé. De Vox en Espagne à Aube dorée en Grèce, jusqu’à Cinque Stelle et Fratelli d’Italia, on ne compte plus les partis surgis de rien autour de leaders populistes, dont l’attrait principal réside dans une nouveauté autoproclamée. « Essayez-nous », disent-ils – une petite musique également jouée en France. Contre la tentation de cet « essai », les mises en garde peuvent venir d’historiens, comme Patrick Boucheron dans Libération, qui rappellent que ces recettes ont déjà été appliquées dans les années 1930 et 1940 avec l’issue que l’on sait ; d’analystes qui soulignent le flou d’un programme de gouvernement – l’âge de la retraite, l’impôt sur le revenu, voire le volet culturel – au financement mystérieux et à la légalité mal assurée ; d’humanistes qui évoquent l’indécence qu’il y a de la part d’un candidat d’origine italienne et kabyle à parler au nom de la France pour refuser aux nouveaux venus les bénéfices dont ses ascendants ont pu bénéficier ; ou de simples sages qui s’étonnent de l’idée saugrenue de confier les clés d’un pays à un jeune homme qui a eu son bac il y a dix ans, sans autre expérience professionnelle que celle d’un parti monolithique… On sait que l’argumentation la plus rationnelle laisse de marbre certains auditoires. D’autres ont donc choisi la voie de l’humour, comme l’agence de création graphique Parade Studio, en se fondant sur un mécanisme analogique tout simple : une jolie parabole visuelle pour convaincre que certains essais gagnent à ne pas être tentés.
L'image du jour