Le Quotidien de l'Art

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Monaco, une enclave à fort potentiel

Monaco, une enclave à fort potentiel
Monaco Art Week 2022, exposition d'une oeuvre de Claude et François-Xavier Lalanne chez Sotheby’s.
© Photo Alice Bensi.

Monaco est une destination du marché de l'art en pleine ébullition, avec un terreau très fécond pour la dynamique de la foire qui compte sur les nombreux millionnaires du Rocher.

Port d’attache prisé des grandes fortunes, le Rocher, qui compte 38 000 habitants, concentre la plus forte densité de millionnaires au monde. Il faut dire que sur ce littoral de 2 km2, en 2023, un appartement sur deux s’est vendu à plus de 28 M€, selon l’Institut monégasque des Statistiques et des Études économiques. Ces données peuvent être corrélées au fait que le nombre de millionnaires sur la zone azuréenne s’étendant de Nice à Èze a augmenté de 25 % entre 2013 et 2023. Cette cartographie renforce l’implantation d’artmonte-carlo depuis huit ans, foire de niche qui semble idéalement positionnée. « C’est une foire locale et internationale très accueillante avec des collectionneurs monégasques, de la Côte d’Azur et de nombreux étrangers, Italiens, Russes, Allemands, Belges, Suédois, Français, installés à Monaco ou dans les villes voisines », confirme Nathalie Obadia, une fidèle du salon. Elle souligne « les vents dynamiques, aussi bien pour des œuvres de petite taille pour les appartements monégasques, que pour des œuvres plus grandes pour les villas et parcs en dehors de Monaco ». C’est d’ailleurs en partie ce dernier paramètre qui a convaincu la galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois d'y participer pour la première fois, en présentant notamment une sculpture d'Arman sur le parvis. « C’est le genre de pièce qui peut séduire une fondation d’art par exemple », indique Dorian Dogaru, directeur de la galerie, relevant que l’intérêt de la foire est d’être sur « le circuit estival des collectionneurs d’art contemporain ».

Sur l'axe Monaco-Saint-Tropez

En effet, la région, de la Fondation Carmignac à la Fondation Maeght, ne manque pas de lieux de prestige. « 80 % des œuvres qu’on a vendues les deux dernières années étaient pour les collectionneurs ayant des maisons sur l’axe Monaco-Saint-Tropez », témoigne César Levy, fondateur de la 193 Gallery, qui participe pour la 3e fois. Almine Rech, autre fidèle de la foire, vient même d’ouvrir une galerie sur le Rocher après Hauser & Wirth en 2021, ce qui témoigne de l’attraction plus forte de la principauté, ce qu’ont compris très tôt les maisons de ventes. Artcurial, par exemple, y a un bureau depuis 2015 et a créé en 2019 Monaco Sculptures, un parcours de sculptures monumentales vendues aux enchères. La maison de ventes a totalisé un chiffre d’affaires monégasque de 20 M€ en 2023 et déjà 9 M€ en 2024 lors de sa session de janvier. La principauté ne veut plus être uniquement perçue comme une destination pour le tourisme de luxe et l’art moderne établi, ce à quoi s’emploie depuis six ans la Monaco Art Week, concomitante à la foire (voir page x). « Cette semaine artistique permet une belle synergie et la jeune génération de collectionneurs, plus présente, contribue à renforcer cette dynamique », observe Louise Gréther, responsable du bureau de Monaco chez Sotheby’s et présidente de la Monaco Art Week. Et si la galerie Robilant+Voena, spécialiste de l’art italien d’après-guerre, salue « l’internationalisation de la foire », amarrée à de fidèles enseignes (Perrotin, Hauser & Wirth, Nathalie Obadia, Mennour, Franco Noero…), c’est aussi la nécessité « d’élargir la communauté d’acheteurs » et, pour ce faire, « la diversification de l’offre », que recherche la nouvelle directrice d’artmonte-carlo, Charlotte Diwan, pour les éditions à venir.

Monaco Art Week 2023, Galerie Adriano Ribolzi, Jane Gemayel.
Monaco Art Week 2023, Galerie Adriano Ribolzi, Jane Gemayel.
© Photo Alice Bensi.
Monaco Art Week 2023, Hofa Gallery.
Monaco Art Week 2023, Hofa Gallery.
© Photo Alice Bensi.
Laure Prouvost, "The Octopus Body, We Oui Grow", 2023, huile sur toile,220 x 250 cm.Galerie Nathalie Obadia (Paris, Bruxelles).
Laure Prouvost, "The Octopus Body, We Oui Grow", 2023, huile sur toile,220 x 250 cm.Galerie Nathalie Obadia (Paris, Bruxelles).
© Photo We Document Art/Courtesy de l’artiste et de la Galerie Nathalie Obadia/Adagp, Paris 2024.
Nathalie Obadia.
Nathalie Obadia.
© Photo Luc Castel.
Arman, "10.000 knots", 1978, accumulation d’hélices en bronze, 195 x 95 x 100 cm. Pièce unique.Georges-Philippe & Nathalie Vallois (Paris, New York).
Arman, "10.000 knots", 1978, accumulation d’hélices en bronze, 195 x 95 x 100 cm. Pièce unique.Georges-Philippe & Nathalie Vallois (Paris, New York).
© Courtesy Georges-Philippe & Nathalie Vallois/Adagp, Paris 2024.
Barry X Ball, "Purity Defiled, after Antonio Corradini (1668–1752), La Purità, 1720–1725", 2008-2023, marbre de Carrare, 72,5 x 42,2 x 30,5 cm.Robilant+Voena (Londres, Milan, Paris, New York).
Barry X Ball, "Purity Defiled, after Antonio Corradini (1668–1752), La Purità, 1720–1725", 2008-2023, marbre de Carrare, 72,5 x 42,2 x 30,5 cm.Robilant+Voena (Londres, Milan, Paris, New York).
© Courtesy de l'artiste et Robilant+Voena/Adagp, Paris 2024.
Philippe Hiquily, "La Sévillane (Femme Lune)", 2006, acier soudé,296 x 105 x 91 cm. Édition 2/8.Oeuvre du parcours « Monaco Sculptures ».
Philippe Hiquily, "La Sévillane (Femme Lune)", 2006, acier soudé,296 x 105 x 91 cm. Édition 2/8.Oeuvre du parcours « Monaco Sculptures ».
© Artcurial.

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