Le 18 juin au matin, une quarantaine d'étudiants et étudiantes de l'École du Louvre, réunis au sein du musée sur l'escalier Daru menant à la Victoire de Samothrace, brandissaient une large banderole sur laquelle était inscrit : « Étudiants de l'École du Louvre contre le génocide à Gaza » et « Free Palestine : Denounce / Boycott / Disinvest » – référence au mouvement BDS qui appelle au boycott des sociétés, notamment israéliennes, actives dans les colonies et les territoires occupés. Organisée par le Comité Palestine de l'École du Louvre, cette action étudiante avait plusieurs objectifs. « Tout d'abord, dénoncer le génocide en cours dans la bande de Gaza et demander une prise de position de notre école vis-à-vis de ce génocide », explique un étudiant qui regrette que la direction de l'établissement soit restée « muette depuis octobre ». Dans une lettre ouverte envoyée à l'administration, le Comité Palestine de l'École du Louvre lui demande d'assurer « la transparence avec le personnel, les étudiant·es et les ancien·nes élève·es sur la nature de vos partenariats avec les institutions et lobbies israéliens » et de « mettre fin aux contrats avec tous les mécènes et partenaires commerciaux impliqués financièrement dans le génocide à Gaza ». Depuis 2022, le Crédit Agricole Île-de-France (selon Mediapart, la banque fait partie des institutions financières européennes qui ont prêté ou investi 255 milliards de dollars au bénéfice d'entreprises « impliquées dans les colonies israéliennes illégales » en violation de la convention de Genève) attribue une bourse aux étudiants de Master dont le sujet de recherche porte sur le patrimoine francilien. « Nous souhaitons aussi sensibiliser sur la volonté par l'État d'Israël d'effacer toute la mémoire culturelle palestinienne en bombardant et détruisant de nombreux édifices classés : universités, mosquées, églises, sites archéologiques... », poursuit l'étudiant. L'École du Louvre n'a pas donné suite à notre demande d'entretien, mais sa directrice Claire Barbillon a répondu aux étudiants, expliquant que l'établissement public se doit de respecter « le principe de neutralité du service public » qui doit être assuré « sans considération des opinions politiques, religieuses ou philosophiques des agents ». Elle assure par ailleurs qu'« aucun partenariat, aucun mécénat n'est actuellement en cours avec une institution israélienne » et que « l'intégrité académique n'a jamais été remise en cause à l’École du Louvre où n’existe aucune forme de censure du discours (des) enseignants ».