En France, les écoles d'art territoriales font face à d'importantes difficultés financières. En 2023, l'ex-ministre de la Culture Rima Abdul-Malak avait lancé un plan d'urgence, leur accordant deux millions d'euros de crédit supplémentaire. Suivant une autre ligne, sa successeure Rachida Dati affirmait lors de son audition, le 19 mars dernier, par la commission des Affaires culturelles de l'Assemblée qu'il fallait « cesser avec la politique des bouts de ficelle, parce que finalement ça ne résout aucun problème de fond ». À Lyon, l'école nationale supérieure des beaux-arts (Ensba) – territoriale – traverse une crise financière importante, qui a poussé l'actuelle direction par intérim à « suspendre » son master en design graphique, faute de moyens suffisants pour l'année 2024. « C'est une suspension, insistent les codirecteurs par intérim Nathalie Pierron et Sébastien Bouvet. Notre objectif : maintenir la situation financière de l'école », alors qu'une nouvelle direction est en cours de recrutement et que la présidence de l'école vient d'être confiée à Chloë Vidal, adjointe à la vie étudiante et conseillère du 4e arrondissement de Lyon. Selon Télérama, le déficit passerait de « 1 000 euros fin 2023 à près de 100 000 fin 2024, et 700 000 en 2025, sur un budget général de 8 millions ». « Un peu moins, nous affirme la codirection sans entrer dans le détail. Le déficit est sous contrôle pour le moment. » Les étudiants et étudiantes, eux, disent ne pas comprendre la décision de « couper dans les formations » et regrettent la décision du conseil d'administration qui, le 29 avril, a voté pour la fermeture du master de design graphique. Le 13 mai, les étudiants se sont mis en grève et mobilisés « contre la destruction de l'enseignement d'art public », tandis que le 1er juin, alors qu'une action de médiation était prévue autour d'une dizaine d'œuvres d'étudiants présentées au musée de l'Imprimerie, ils ont décidé de décrocher leurs travaux. Une manière de s'opposer au directeur de l'établissement Joseph Belletante, membre du conseil d’administration de l’école, auquel les étudiants mobilisés reprochent d’avoir voté pour la suspension du master. De son côté, Nathalie Pierron et Sébastien Bouvet expliquent que cette suspension a été votée car il n'y aurait pas d'étudiants inscrits en M2 l'an prochain. S'ils ont conscience que cela bloque l'accès au master 1 pour les actuels étudiants de L3, ils affirment leur avoir alloué une « bourse de 100 euros pour les aider à passer deux ou trois concours supplémentaires dans d'autres écoles ». Les étudiants confient quant à eux que « passer un concours à la dernière minute demande beaucoup de moyens, à la fois matériels, financiers, physiques et mentaux. En moyenne, un seul concours coûte 50 euros, juste pour l'inscription, sans parler des déplacements ».