Le Quotidien de l'Art

À la biennale de Coimbra, les voix des « fantômes de la liberté »

À la biennale de Coimbra, les voix des « fantômes de la liberté »
Yonamine, Arapis, 2024, installation, matériaux et dimensions variables.
Courtesy of the artist and Galeria Cristina Guerra. Photo credit: Jorge das Neves. Courtesy Anozero - Bienal de Coimbra.

Première capitale du Portugal, centre universitaire prestigieux, Coimbra est marquée par le passé colonial et dictatorial du pays et par ses actuels besoins de réparation. Des sujets que la biennale Anozero « Fantasma da Liberdade » n'a pas peur d'affronter.

Chaque jour, à 16h30 pile, une petite foule s'amasse sur le quai de la gare B de Coimbra. Certains sont vêtus de capes noires, d'autres ont apporté une guitare. Assiste-t-on à un symposium de sorciers égarés dans un décor de périphérie urbaine ? Plusieurs voix s'élèvent, claires, fières, tandis que la voix d'Adriano Correia de Oliveira sort des speakers de la gare. Les Portugais reconnaissent le Cantar de Emigração, ce chant entonné en 1969 sur ce même quai par les étudiants de l'université de Coimbra (reconnaissables par leur uniforme sombre) pour protester contre le départ de leurs camarades. Enrôlés de force dans la guerre coloniale en Angola, Guinée-Bissau et Mozambique, ils laissèrent au pays « des champs de solitude ».

Ces paroles qui accueillent le visiteur à Coimbra rejoignent les dizaines d'autres voix des « Fantômes de la liberté » que convoque la cinquième édition de la biennale conçue par les curateurs Ángel Calvo Ulloa et Marta Mestre (directrice artistique du Centro Internacional das Artes José de Guimarães). Sa date coïncide avec le 50e anniversaire de la Révolution des Œillets qui mit fin à la dictature salazariste. Son titre, emprunté à un film de Luis Buñuel, plonge dans l'inspiration d'un surréalisme politique, pour éclairer un présent qui reste hanté par les figures des luttes du passé. À ce titre, la biennale déplairait sans doute à celles et ceux qui déplorent que l'art actuel soit trop « politisé », ou les artistes trop « engagés ». Ce serait pourtant encore, ici comme à la documenta de Kassel en 2022, refuser de voir que tout cela n'est pas nouveau, et que…

À la biennale de Coimbra, les voix des « fantômes de la liberté »
À la biennale de Coimbra, les voix des « fantômes de la liberté »

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Article issu de l'édition N°2835