« Un champ d'îles » est le titre-paysage que la Friche la Belle de Mai, à Marseille, donne à son « temps fort ultramarin », jusqu'au 2 juin. Soit, sur quatre mois, deux expositions, deux journées professionnelles, deux festivals et un programme de performances. Pour « Astèr Atèrla – Ici et maintenant », en collaboration avec le CCC OD de Tours et le FRAC Réunion, la curatrice Julie Crenn a invité une trentaine d'artistes de La Réunion à exprimer leur rapport au territoire et à l'identité. Produite par Fræme, « Des grains de poussière sur la mer » (à voir jusqu'au 28 juillet) est quant à elle une nouvelle version de l'exposition organisée en 2018 par Arden Sherman à la Hunter College Gallery de Harlem, montrée depuis à la Ferme du Buisson de Noisiel et à la Villa du Parc d'Annemasse. Dans ce large panorama de sculptures contemporaines des Caraïbes françaises et de Haïti (avec Julie Bessard, Gaëlle Choisne, Adler Guerrier, Louisa Marajo...), les assemblages hétéroclites d'Ernest Breleur semblent les contenir toutes. Aîné des artistes (avec un autre Martiniquais, Alex Burke, né en 1944), l'artiste de 79 ans, toujours en activité, fait danser les formes, les couleurs et les matières (film, fourrure, plumes, plastique...) le long de fils de nylon suspendus. Il y raconte autant la richesse visuelle de l'environnement caribéen que les contours toujours changeants d'une identité vaste, en mouvement. Celle que le philosophe Édouard Glissant, influence majeure de Breleur, développa dans le concept d'« identité-relation », par opposition à celui de racine unique, et qui écrivait : « À l’être qui se pose, montrons l’étant qui s’appose. »
« Des grains de poussière sur la mer », Friche la Belle de Mai, Fræme, Marseille, jusqu'au 28 juillet 2024, fraeme.art