L’attaque contre une église de Gaza pourrait être qualifiée de crime de guerre

L’ONG américaine Justice For All a soumis fin avril une requête auprès de la Cour pénale internationale (CPI) visant à faire reconnaître le bombardement de l'église Saint-Porphyre de Gaza comme un « crime de guerre ». Le 19 octobre 2023, cette église, où plusieurs centaines de personnes étaient réfugiées pour échapper aux bombardements qui faisaient rage tout autour, a fait l’objet d’une frappe israélienne. Au moins 18 personnes y sont mortes, dont un nouveau-né, tandis que l’édifice était en partie dévasté. L’armée israélienne a affirmé viser un centre de commande et de contrôle du Hamas. « L'église n'était pas la cible de la frappe », a-t-elle assuré. Une précision importante : l’ONU considère que la destruction délibérée du patrimoine est un crime de guerre. La CPI a déjà condamné en 2016 un djihadiste malien à neuf ans de prison pour son rôle dans la destruction des mausolées de Tombouctou à l’été 2012. Troisième plus ancienne église en activité au monde, Saint-Porphyre a été fondée pour abriter le tombeau d’un évêque de Gaza, qui vécut entre 395 et 420 ap. J.-C. Reconstruite au XII^e siècle, elle servait de lieu de culte à la minorité chrétienne de la région, qui compte environ 1000 personnes. Pour Abdul Malik Mujahid, président de Justice For All, sa destruction est « une attaque contre l'héritage spirituel et culturel de la communauté chrétienne palestinienne, contribuant à son génocide, a-t-il déclaré dans un communiqué. Si cette église s'était trouvée n'importe où ailleurs dans le monde, il y aurait eu un tollé mondial. Il est impératif que la communauté internationale protège fermement les lieux de culte des minorités, en veillant à ce que ces sanctuaires soient préservés en cas de conflit ». La guerre qui fait rage depuis plus de six mois a tué ou blessé près de 5 % de la population de Gaza. Quelque 200 bâtiments à vocation culturelle et patrimoniale ont été détruits partiellement ou complètement. Selon différentes agences de l'ONU, le chantier de la reconstruction de l’enclave palestinienne coûterait entre 40 et 50 milliards de dollars et exigerait au moins 80 années.