De Arthur Fellig, dit Weegee, l’histoire de la photographie retient son New York interlope de nuit des années 1935-1945. Des scènes crues car captées en noir et blanc avec un flash montrant cadavres, arrestations et autres drames, comme des épaves de voitures accidentées et des incendies. Présentes à la Fondation Henri Cartier-Bresson, qui consacre son exposition principale à celui qui s’était autoproclamé « Weegee the Famous », ces icônes côtoient d’autres images moins connues. Car le but de Clément Chéroux, directeur de la Fondation et commissaire de l’exposition, est d’offrir un large panorama de l’œuvre de ce singulier personnage, dont on aperçoit le visage goguenard dans les autoportraits ouvrant et fermant l’exposition. Certes, Weegee était à l’affût du sensationnel, mais on ne peut résumer son corpus à ce prisme. En progressant dans l’exposition articulée en trois parties, on découvre ce qu’il nommait lui-même des « documents sociaux », dont voici un extrait saisi à Coney Island en 1940. Particulièrement mise en valeur dans l’exposition, cette image est reproduite sur un papier peint géant et accompagnée du tirage original encadré, une scénographie spectaculaire qui fait son effet. S’ajoute un autre aspect méconnu du photographe américain : des caricatures déformant les visages de célébrités diverses, de Chaplin à Khrouchtchev, en passant par les Kennedy. Un Weegee peut en cacher un autre... À la fin de la visite, on prend conscience de sa fascination pour la comédie humaine et pour cette société américaine en mutation. En fin observateur, il montre comment elle appréhende le réel tel un spectacle.
Weegee « Autopsie du Spectacle » à la Fondation Henri Cartier-Bresson, jusqu’au 19 mai 2024.
henricartierbresson.org