Le repos est un état qui lui semble étranger. Largement nonagénaire (il fêtera ses 93 ans le 5 juin), Peter Knapp continue d'être sur tous les fronts. Outre une activité de peintre et de photographe poursuivie dans la discrétion, il a été commissaire en 2021 de la grande exposition sur la famille Giacometti à la Fondation Maeght, qu'il faisait visiter, toujours fringant. En février dernier, il inaugurait une exposition rétrospective à Charleroi, basée sur la donation consentie à la Fondation suisse pour la photographie (Winterthur). Elle permet de parcourir la carrière de l'un des grands directeurs artistiques de l'après-guerre. Actif en 1955 aux Galeries Lafayette, puis avec Slavik pour le Drugstore des Champs-Élysées, c'est dans la presse qu'il laissera sa marque la plus forte : en 1959, il est recruté par Hélène Lazareff au magazine Elle, dont il signera l'identité pendant la décennie fondamentale des Sixties (puis de 1974 à 1977). De la couverture aux plus petites rubriques, il décline un style iconoclaste, avec une maquette dynamique, jouant des diagonales et des contre-plongées, des contrastes de formes et de couleurs, mêlant aux photos des caractères typographiques et des collages. Il appliquera la même formule à l'image animée, dans une autre production emblématique de l'époque, l'émission Dim Dam Dom de Daisy de Galard. « Transformer des idées en images » : son mot d'ordre devrait nous inspirer à l'heure où nos téléphones portables sont encombrés de milliers de photos prises à la chaîne, puis oubliées dans les strates de la mémoire digitale...
« Peter Knapp. Mon temps » au musée de la Photographie de Charleroi, jusqu'au 26 mai 2024.
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