Elles représentent un quart des 176 exposants et la foire fait des efforts financiers pour les attirer : le stand aménagé avec les mêmes options revient à seulement 5 000 € pour la section Invited et 8 890 € pour Discovery. Elles constituent donc un enjeu car, comme l'analyse Alex Flick de Gathering Gallery (Londres) – qui participe à la foire pour la première fois –, « elles sont prêtes à prendre plus de risques et à présenter des œuvres d'avant-garde d'artistes plus jeunes et moins connus. Elles permettent aux collectionneurs et aux visiteurs de découvrir de nouvelles voix, souvent inédites dans le pays. » Inès-Gabrielle Tourlet de la galerie Kin (Bruxelles), qui réunit plusieurs générations – Dorota Jurczak, Andrzej Steinbach, Zuza Golińska et Liam Gillick –, de compléter : « La participation de jeunes galeries sur les foires permet à la fois de présenter de nouvelles pratiques artistiques, mais aussi et surtout de repenser le modèle d’exposition de ce format court et à destination commerciale. » Comment ? Avec des propositions « curatées », qui servent moins la dimension commerciale attendue. « Cela permet aussi de transformer d’une certaine manière la vocation d’une foire, d'une plateforme de vente à une plateforme de visibilité auprès de nouvelles institutions, de nouveaux publics », ajoute Sacha Guedj Cohen de Spiaggia Libera (Paris). Elle a dédié son stand au thème du corps augmenté avec une exposition intitulée « Divine Desires ».
Concurrents ou partenaires ?
Il est vrai qu'en général l'équation « jeune galerie, jeunes artistes » se vérifie, car ils sont aux prises avec les mêmes préoccupations, partagent les mêmes problématiques et le même regard sur la société. Morten Knudsen (Gauli Zitter, Bruxelles) pose la question de la peinture aujourd'hui et présente le fruit de sa résidence à la Jan van Eyck Academie de Maastricht. Gabrielė Adomaitytė (Gratin, New York) repense le rôle de la mémoire, tirant inspiration de ses nombreux voyages de recherche dans des archives publiques et privées. « Son travail fait écho aux interrogations sur la digitalisation de la vie de tous les jours et ses implications radicales », explique Andrea Torriglia, cofondatrice de la galerie. Linnea Skoglösa (Gathering) critique le diktat d'un bien-être porté par une culture de la consommation et Arlette (Rose Easton, Londres) aborde les problématiques du genre et de l'identité. Face à la réalité du marché, ces galeries innovent et pensent les projets de façon plus collégiale. « Ces galeries ne disposent pas des ressources (humaines ou financières) des acteurs plus importants et mieux établis, de sorte qu'il n'est pas seulement intelligent de collaborer, c'est aussi une nécessité », confirme Alex Flick. Les partenariats sont donc fréquents, comme c'est le cas pour Rose Easton qui participe à Condo Mexico (une exposition collective de 42 galeries dans 20 lieux, du 11 avril au 16 mai) chez Anonymous avec Relaciones Públicas, et organise une exposition cet été avec Silke Lindner à New York. Mais aussi sur la foire : Ravnikar partage son stand avec Britta Rettberg et Suprainfinit avec Longtermhandstan. « Pour de nombreuses galeries, les différentes formes de collaboration sont aujourd'hui l'expression naturelle de valeurs et de pratiques efficaces », conclut Harlan Levey, galeriste et membre du comité de sélection de Discovery.