« Nous attendions 2 millions, ce fut finalement 6 millions... C'est une très belle performance pour une vente caritative, nous avons été bluffés par l'engouement. Même les Petits Frères des Pauvres ne s'attendaient pas à une telle somme ! », confie Jean-Pierre Osenat, fondateur de la maison de ventes du même nom, au sujet de la vente de la collection Fischof-La Foux, dispersée les 21 et 22 février derniers, à Paris, au profit de l'association spécialisée dans l'aide aux personnes âgées démunies. Couple de fortunés discrets, Raymond (1905-1980) et Suzanne (1920-2023) Fischof-La Foux ont partagé leur vie entre un luxueux appartement de l'avenue Foch et Monaco, où ils reçurent l'intelligentsia culturelle et le gratin mondain, de Grace Kelly à Roger Moore. Ingénieur, résistant, patron de presse, conseiller économique de François Mitterrand, Raymond Fischof-La Foux « couvrit sa femme de bijoux, relate Jean-Pierre Osenat. Ils étaient tous deux passionnés de joaillerie et faisaient venir les diamantaires chez eux. Amateurs d'art, ils ont décoré leurs demeures d'œuvres de Derain, Girodet, Boldini ou Kisling. » Si ces peintres faisaient partie de l'adjudication, avec de beaux résultats pour Kisling (Mimosas, huile sur toile de 1947, estimée 80 000 euros, est partie pour 227 000 euros avec frais), ce sont surtout les bijoux de Suzanne qui ont réalisé des scores mirobolants. Tandis que la palme du lot le plus cher revient à un collier en diamants transformable de la maison M. Gérard, adjugé 1,14 million d'euros, des pièces d'inspiration végétale ont su créer la surprise, à l'instar de deux paires de boucles d'oreilles en diamants Mauboussin (années 1920) et Cartier (années 1970), ornées de rubis, émeraudes et saphirs. Estimées chacune quelques milliers d'euros, elles se sont arrachées pour plus de 200 000 euros. « Nous avons fait expertiser et exposer les bijoux aux États-Unis en juin 2023, puis à Genève, ajoute le commissaire-priseur. Cette campagne à l'étranger nous a permis d'attirer 80 % d'acheteurs internationaux, d'Amérique, de Belgique, de Chine, du Japon, séduits par des pièces de haute joaillerie française très créatives. Les Français ont eu du mal à suivre quand les sommes dépassaient les 100 000 euros, la majorité des lots est partie chez des professionnels. »
Le chiffre du jour