Impossible de rater Robert Rauschenberg tirant la langue à Dennis Hopper quand on visite « Une “histoire” de la photographie » à La Fab., lieu du fonds de dotation agnès b. Placé en exergue à l’entrée, ce portrait invite à pénétrer dans l’exposition qui se déploie sur deux étages. Il en dit long sur l’esprit de liberté d’agnès b. la collectionneuse. Pour ce nouvel accrochage dédié à son fonds, honneur à la photographie donc, qui représente quelque 2 500 pièces sur plus de 7 000 où se côtoient dessins, peintures, sculptures, installations, vidéos et autres films. Chronologique, le parcours invite à traverser le temps et à se laisser porter au gré des images classiquement alignées. Signes de l’évolution des pratiques, le noir et blanc domine au rez-de-chaussée et la couleur s’impose pour la partie fin XXe siècle et contemporaine à l’étage. Peu d’icônes dans cette collection mais de nombreuses surprises, comme Sarah Bernhardt dans son cercueil saisi par un anonyme (1880), une photographie de classe de filles signée Auguste Sander en 1911, avant qu’il ne se lance dans son grand projet, Les hommes du XXe siècle. Et des pièces atypiques, « dans leur jus », comme deux images de Weegee collées sur un carton, vestige d’une maquette de livre (1950) ou un tirage de presse du poing levé de Tommie Smith et John Carlos aux Jeux olympiques de 1968. Un peu plus loin, on découvre des polaroids d'Andy Warhol sacralisés dans un cadre avec marie-louise, deux très beaux tirages Fresson de Bernard Plossu (1981), tout en nuances de bleu, ou encore de grands cibachromes signés Nan Goldin. « Ces œuvres représentent des moments de la vie, des émotions partagées, une connivence », dit agnès b. à propos de sa collection. Son caractère éclectique, dans les techniques utilisées comme dans le contenu des images, en fait l’intérêt.
« Une “histoire” de la photographie dans la collection d’agnès b. » à La Fab., 75013 Paris, jusqu’au 7 avril 2024.
agnesb.eu