En cette veille de carnaval, le Museu de Arte Moderna de Rio de Janeiro (MAM) vibre d’une énergie toute singulière. Les fanfares défilent dans ses jardins, entonnant leurs reprises de tubes locaux et internationaux. Depuis les galeries du musée, suspendues sur d’élégants pilotis de béton armé et ouvertes sur l’extérieur, le spectacle est saisissant. L'exposition qui vient d'ouvrir (à voir jusqu'au 26 mai) propose une réflexion sur l’héritage du célèbre paysagiste brésilien Roberto Burle Marx. Elle ne pouvait pas être inaugurée à un meilleur moment. Celui qui a conçu les jardins alentour, ainsi que l’immense parc au bord duquel a été bâti le musée, avait en effet à cœur de construire des espaces publics habités et populaires. Et l'exposition manifeste le désir de l'institution de retisser des liens avec son dehors, et de l’y faire rentrer de mille et une façons. Car, posé sur les rivages de la baie de Guanabara, dans un décor de rêve, le MAM a du mal à déplacer les foules. La fréquentation annuelle se situe autour de 40 000 visiteurs, loin derrière le jeune Museu do Arte (MAR), qui en revendique environ 500 000.
Une crise perpétuelle
Il faut dire que le musée est réputé en crise depuis toujours. Créé à la fin des années 1940 par la bourgeoisie locale, sans lieu ni collection, il n'a inauguré son…