Le Quotidien de l'Art

Marché

Saisie de tableaux du « financier du Hezbollah »

Lors d’une descente dans un entrepôt de la société Williams & Hill à Feltham, près de l’aéroport d'Heathrow, la police londonienne a saisi 23 tableaux appartenant à l’homme d’affaires et collectionneur libanais Nazem Ahmad. Dans le même temps, elle a également confisqué 9 autres de ses peintures, que la maison de vente Phillips aurait dû proposer aux enchères. Depuis plusieurs années, la justice américaine l’accuse de se servir du marché de l’art pour blanchir de l’argent pour le compte du Hezbollah, le mouvement chiite libanais. En 2019, il a été placé sous sanctions et des poursuites ont été engagées en avril dernier contre lui ainsi que huit autres membres du réseau de contrebande qu’il dirigerait. La justice américaine estime à près de 401 millions d’euros le montant des transactions litigieuses réalisées entre 2020 et 2022 pour son compte par le biais de sociétés-écrans. Au Royaume uni, où des poursuites ont aussi été entamées et ses avoirs gelés, les autorités ont interdit aux artistes, galeries et maisons de ventes de commercer avec lui et ses sociétés dont la galerie Artual de Beyrouth, que dirige sa fille. C’est de cette mesure que procèdent les mises sous séquestres actuelles : « Les propriétaires des entrepôts de stockage, y compris une société de transport d'œuvres d'art, avaient cessé de traiter avec le sujet, et les œuvres d'art avaient été laissées sur place pendant plus de deux ans », lit-on dans une note datée de janvier 2024 de la National Crime Agency (NCA) du Royaume-Uni, où son cas est évoqué. Seul souci : à l’exception de Phillips, ces entreprises avaient omis d’avertir les autorités concernées de contrats les liants à Nazem Ahmad. Parmi celles-ci figurent une Nature morte à la pastèque de Pablo Picasso, datée de 1962, ainsi que plusieurs tableaux d’Andy Warhol dont Details of Renaissance Paintings. La liste inclut également une peinture de Stanley Whitney, Sing All Day, d'une valeur de 262 400 euros ainsi qu’une autre de l'artiste iranien Ali Banisadr intitulée Divine Wind, estimée à un peu plus de 200 000 euros. En tout, la police anglaise estime avoir réussi une saisie d’une valeur de 1,2 million d’euros. Nazem Ahmad, qui n’a pas commenté, vivrait toujours au Liban.

Article issu de l'édition N°2775