Il n'est jamais trop tard pour bien faire... Alors que « l'art urbain » (terme générique plus juste que celui de « street art », label commercial) a été défini comme tel voilà déjà plus de 50 ans, le Centre Pompidou entame une collection d'œuvres d'artistes du graffiti et de l'intervention éphémère. Cinq œuvres de Gérard Zlotykamien, qui fêtera ses 84 ans au printemps et qu'on a pu voir l'an dernier dans l'exposition « La Morsure des termites » au Palais de Tokyo, ont été choisies en janvier par la commission d'acquisition du musée national d'Art moderne et achetées auprès de la galerie parisienne Mathgoth. Des œuvres « historiques », selon Sophie Duplaix, conservatrice responsable de cet élan. La plus ancienne est un « personnage disparu » de 1963 et la plus récente une série de sacs en toile de jute peinte, datée de ces dernières années. Un autre ensemble a été acquis directement auprès du duo français Lek & Sowat. Une vidéo, Tracés directs, réalisée clandestinement au Palais de Tokyo en 2014, qui montre plusieurs artistes graffer, dont Jacques Villeglé traçant son « alphabet sociopolitique ». Mais aussi un ensemble de 12 panneaux de la palissade installée en 2019 à l'arrière du Centre Pompidou qui ont été peints par Lek & Sowat et graffés à leur tour avant d'être, pour certains d'entre eux, utilisés comme boucliers lors les manifestations des Gilets jaunes. Un thème qu'on retrouve dans leu film Hope, acquis également, tout comme un leporello conservé dans un coffre fabriqué à partir de plaques de métal provenant du Centre Pompidou. Prochaine à entrer dans les collections, l'artiste et poétesse Miss.Tic, disparue en 2022, annonce Sophie Duplaix, qui conclut : « Tout reste à faire sur l'art urbain : l'institution doit prendre cela à bras-le-corps ».