La foire Abu Dhabi Art (qui s'est tenue du 22 au 26 novembre dernier) monte en puissance avec désormais quelque 80 galeries internationales. Elle peut compter sur un écosystème artistique que l'émirat continue de renforcer : outre les musées déjà actifs comme le Louvre ou ceux que l'on attend (Cheikh Zayed et Guggenheim), la nouveauté 2023 a été l'organisation d'un premier rendez-vous des lumières (« Light Exhibition ») par les pouvoirs publics (Department of Culture and Tourism). Intitulé Manar (« phare » en arabe), il a mêlé superstructures (à l'image des Japonais de teamLab qui ont investi Mangrove Island) et plasticiens indépendants de toutes latitudes comme l'Allemand Carsten Höller, l'Argentine Luciana Abait, l'Ukraino-Tunisienne Nadia Kaabi-Linke (pix Ithra 2021), l'Indienne Shilpa Gupta ou l'Américain Jim Denevan qui a construit 448 pyramides de sable sur Fahid Island. Dans une démesure qui fait fi des considérations budgétaires, la palme est revenue à Rafael Lozano-Hemmer. L'artiste canado-mexicain de 56 ans a eu carte blanche pour occuper l'ancienne île des pêcheurs de perles (Lulu Island) avec 10 installations différentes, dont 6 sont des premières, transformant l'input physique des visiteurs (voix, chaleur corporelle, rythme cardiaque) en symphonies lumineuses. L'île a dû être viabilisée et équipée (terrassement, circuits électriques, écrans géants) pour ce parcours de 2 kilomètres de long. Même pour les œuvres déjà vues comme Pulse (à la foire Design Miami, à Bâle, en 2022), le changement d'échelle leur a donné une autre envergure : les centaines d'ampoules qui clignotaient en Suisse avec les battements du cœur étaient devenues ici près de 5 000, tandis que les rayons lumineux de Collider se voyaient à des kilomètres à la ronde et que le globe terrestre du Shadow Tuner était le plus grand du monde. Big is beautiful...
Festival « Manar », Abu Dhabi, sur plusieurs sites, jusqu'au 31 janvier 2024.