La galerie Cécile Fakhoury travaille sur l’estate de Souleymane Keïta depuis trois ans mais c’est la première fois qu’elle consacre une exposition à cette figure majeure de l’art sénégalais (mort en 2014), dont la cote commence à se construire, comme le reflète une toile de 2002 vendue chez Piasa le 15 novembre dernier à 19 500 euros, au-dessus de son estimation. « Il s’agit de bâtir une histoire de l’art qui n’est pas encore valorisée, casser l’idée reçue que les scènes africaines n’étaient pas connectées au monde » indique Francis Coraboeuf, le directeur de la galerie parisienne, mentionnant le fait que Keïta vécut plusieurs années aux États-Unis, proche des expressionnistes abstraits afro-américains tels Al Loving ou Melvin Edwards, avant de retourner sur son île natale de Gorée. Son œuvre, identifiée à la deuxième École de Dakar, permet à la galerie de jeter un premier pont entre l’art contemporain africain, dont elle est spécialiste, et les modernités africaines sur lesquelles le marché porte un œil de plus en plus attentif. Sur le fil de coutures à même la toile – dont certaines renfermeraient des versets du Coran – et de signes s’apparentant à des scarifications, les paysages énigmatiques de l’artiste, d’où surgissent des ombres de huttes traditionnelles et des symboles évoquant les rituels mandingues, semblent chargés de messages secrets éclairés de lueurs pastel. C’est la première fois qu’ils sont dévoilés au public français.
Souleymane Keïta, Signes, jusqu’au 27 janvier
cecilefakhoury.com