De prime abord, l'intervention de l'Italien Rudolf Stingel au Palazzo Grassi - lequel a tapissé de fond en comble le palais vénitien de François Pinault d'une moquette imprimée d'un détail recomposé, gonflé et flouté d'un kilim azéri - s'apparente à une démonstration de force autour du décor. Mais si ces 5 000 m2 d'exposition se résumaient seulement à une bluffante mise en abîme entre le canevas imparfait du tapis et le damas fatigué de certains tableaux, ou à un essorage de l'ornement vidé de sa sève par le trop-plein, l'événement ne mériterait pas le déplacement. Mais, malgré l'épate apparente, le travail de Stingel se sirote comme une liqueur amère, se distille lentement comme un venin silencieux. Le silence,…