Qu’ont-ils en commun ? Le goût de la déconstruction des formes et du jeu de la composition. L’abstrait Yves Zurstrassen est invité chez Picasso et signe une exposition muséale en France alors qu’il a récemment intégré les cimaises de la galerie Ceysson & Bénétière (aux côtés de ses galeries historiques Xippas et Baronian). L’artiste belge nous guide pour percevoir dans ses formes fragmentées une silhouette de taureau, son hommage discret au maître du cubisme alors que son art se base sur la même matrice – et la même rythmique – celle d’un patient travail de collage et de décollage de papiers dans le frais de l’huile, lui permettant de créer des formes spontanées et des transparences vibrantes qui ont l’aisance du free jazz – dont il est un adepte – et la gestuelle d’un expressionnisme lyrique. Aujourd’hui, ses abstractions à thèmes éclatent de bleu indigo, dernier-né de ses arrangements coloristes dans la clarté d’un nouvel atelier dans le Luberon, adjacent au vignoble Les Davids que sa femme, Sophie Le Clercq, gère d’une main de maître. Une centaine d’œuvres retracent la dernière décennie de production de cet artiste aussi ascète que chaleureux. On a cherché en vain les mirages solaires de de Staël qui auraient bien dialogué avec la générosité picturale de Zurstrassen, mais il paraît que pour les besoins de l’accrochage, ils ont été camouflés le temps de l’exposition, derrière des cloisons temporaires...
Yves Zurstrassen, « Jouer la Peinture », jusqu’au 7 janvier 2024, musée Picasso, Antibes.