La figure de l’artiste-chercheur connaît aujourd'hui un engouement autant dans les milieux académique qu'artistique. Elle est largement encouragée et soutenue par les politiques publiques actuelles, qui y voient une réponse aux enjeux liés à l’innovation, celle-ci devant « faire face aux défis des transitions numérique et écologique », lit-on sur le site du ministère de la Culture. Dans cette volonté d’« accroître le décloisonnement des équipes de recherche dans une perspective interdisciplinaire », d’innombrables dispositifs de financements ont vu le jour : la rue de Valois et le CNRS ont renouvelé leur partenariat pour 2021-2025 afin de « renforcer l’intégration des pratiques et productions culturelles et artistiques dans les projets de recherche », et pilotent la stratégie nationale d’accélération dans le secteur des industries culturelles et créatives (2021-2025), dotée de 400 millions d’euros. Le programme Horizon Europe, lancé en 2021, entend soutenir par des appels à projets les initiatives collaboratives dans le domaine de la transition écologique et numérique, tandis que la loi de programmation de la recherche pour 2021-2030 prévoit l’investissement de 25 milliards d’euros pour « replacer la science dans une relation ouverte avec l’ensemble de la société ».
Ces moyens spectaculaires ont engendré une multiplication fulgurante des programmes de recherche dont le volet artistique fait désormais partie intégrante, ainsi que celle des formations doctorales en « recherche-création » dans les écoles des beaux-arts et les universités. De son coté, l’ANR (Agence nationale de la recherche) s’est, elle aussi, emparée du leitmotiv de l’interdisciplinarité pour l’ériger en gage d’originalité, permettant notamment d’élaborer des « concepts en rupture ou exploratoires » et de « lever des verrous scientifiques », comme indiqué dans son plan d'action 2024. Ainsi la recherche-création semble bien partie pour connaître un essor inédit dans les prochaines années.