À Lucerne, à un jet de pierre du Kunstmuseum et du KKL de Jean Nouvel, la galerie Impulse, fondée en 2020 par Claudia Limacher et Tim Zhuang, expose le Suisse Christian Bolt qui, dans son atelier de Klosters, transforme les corps. Ce philosophe du marbre marie la forme concrète et la ligne charnelle, le verbe et le trait, avec une maîtrise physique de la matière. Érudit de l’histoire de la sculpture, Bolt ancre la sienne dans le signe et le trait : sa série de « peintures-marbres », « Transformation », aligne 12 cadres carrés où le mot griffonné, « Transformation », se transfigure et engendre un corps en saillie à la surface du tableau. « Dans mon atelier, j’avais sous les pieds des monticules de cette poussière, et j’en ai fait faire une pâte à modeler qui imprègne la toile », s’y agrège et en surgit. Il cite Karl Kraus : « L'amour et l’art n’étreignent pas ce qui est beau, mais ce que leur étreinte rend beau ». Travaillant le marbre, le bronze, le bois, l’aluminium, il explore la figure humaine : ses silhouettes sinueuses, inachevées, sont mutantes. Ainsi, l’admirable Individual, créature en aluminium, s’élève d’un socle terrestre, pousse sur deux jambes ligneuses et dresse une tête aussi ronde qu’un ventre fécondé. « De la beauté humaine » réunit 14 ensembles de sculptures en marbre, bronze aluminium et bois, et des huiles et des dessins vigoureux et aériens qui en sont la matrice.
Christian Bolt, «On Human Beauty », Impulse Gallery, Lucerne, jusqu'au 23 décembre.
impulsegallery.com