Élu en août 2022, Gustavo Petro, premier président colombien issu de la gauche, n'aura pas perdu de temps pour en mettre en œuvre certaines de ses promesses de campagne. Ancien militant du mouvement de guérilla M-19 (Mouvement du 19 avril, qui se définissait dans son manifeste comme un mouvement de « socialisme démocratique, nationalisme de gauche, anti-impérialisme » visant à une prise du pouvoir « pour l'établissement du pouvoir des ouvriers, paysans et travailleurs en général »), Gustavo Petro avait notamment fait valoir une politique culturelle et diplomatique renforcée pour accélérer les restitutions de trésors nationaux en cours et à venir. En un peu plus d'un an de mandat, pas moins de 560 objets précolombiens sont ainsi revenus au pays à bord de l'avion présidentiel, devenu bien plus qu'un simple moyen de locomotion pour des visites diplomatiques à l'étranger. Le gouvernement se targue à ce titre d'une « utilisation efficace des ressources » et n'hésite pas à rappeler à l'opposition, qui juge les déplacements inutiles et coûteux, que le précédent gouvernement n'avait rapatrié que 18 pièces en quatre ans. Les récentes restitutions sont le fruit d'une trentaine de déplacements aux quatre coins du monde, organisés en étroite collaboration par le ministère des Affaires étrangères et l'Institut colombien d'anthropologie et d'histoire (ICANH), qui, passés les longues démarches diplomatiques et les accords, est responsable de l'enregistrement, du catalogage, du transfert, de la réception et, dans certains cas, des travaux de préservation des pièces. Le rapatriement de ces trésors archéologiques, jusqu'alors essentiellement aux mains de collectionneurs privés aux États-Unis, Royaume-Uni, Belgique, Espagne, Allemagne et Mexique, est une façon de « commencer à parler de la décolonisation sous un autre angle », a déclaré Catalina Ceballos, directrice des affaires culturelles au ministère des Affaires étrangères. Le coordinateur du groupe d'anthropologie de l'ICANH, Juan Pablo Ospina, a quant à lui souligné que la « réussite du retour » est notamment due à « l'entière disponibilité de l'avion présidentiel », où les pièces sont « emballées et correctement protégées pour voyager ». Quelques-unes reviennent aussi par mer, à l'instar récemment de 12 artefacts placés en sécurité sur le trois-mâts navire-école de la marine colombienne, le Gloria, de retour du Costa Rica. La grande majorité des pièces rapatriées sont des céramiques de différentes périodes et cultures, les plus anciennes datant de 6000 à 7000 ans.