Le 3 octobre, le réseau francilien d'art contemporain TRAM, par le biais de sa secrétaire générale Amélie Verley, a fait parvenir à ses 35 membres (de La Galerie de Noisy-le-Sec au Palais de Tokyo), un courrier annonçant la radiation du Cneai, centre d'art, après celle de L'Onde l'été dernier. Les échanges avec Ann Stouvenel, sa nouvelle directrice depuis avril, Steven Hearn, son président, et le conseil d'administration de TRAM « n’ont pas permis d’apporter les garanties nécessaires au respect des statuts du réseau, en particulier s’agissant du positionnement du conseil d’administration du Cneai face aux alertes dont il a également été destinataire ». Contactée, Amélie Verley évoque sans plus de précisions « des dysfonctionnements divers » dans la structure que Sylvie Boulanger dirigea pendant près de 25 ans, jusqu'en décembre dernier, écartant la responsabilité d'Ann Stouvenel, arrivée en poste le 4 avril dernier, pour mettre en cause « le mode de gouvernance et le conseil d’administration du Cneai ». Le courrier précise : « TRAM soutient pleinement les projets artistiques portés par Marie Bechetoille (nommée en janvier, ndlr) et Ann Stouvenel, dont la qualité de programmation et le professionnalisme sont unanimement salués ». La secrétaire générale de TRAM affirme avoir reçu ces derniers mois « par des canaux divers des alertes contraires au respect des valeurs du réseau, notamment l'exemplarité envers les artistes, les intervenants et les équipes des structures ». Ces alertes, adressées au président du conseil d'administration du Cneai, n'ont pas permis « un dialogue et des garanties », poursuit-elle. Fin juin, une lettre d'anciens employés était diffusée auprès de nombreuses personnes du milieu de l'art en France, évoquant « les souffrances causées par la gestion managériale autoritaire de Sylvie Boulanger », et de nombreuses alertes, adressées au conseil d'administration depuis plusieurs années, restées sans effet. Le matin du 19 octobre à Paris Internationale, lors d'un talk entre Sylvie Boulanger et Martha Wilson, un texte diffusé à l'entrée du salon et accompagné d'un appel à témoignages, dénonçait, dans cette rencontre entre l'ancienne directrice et une artiste « pionnière dans la dénonciation des discriminations, (...) l'instrumentalisation des luttes et le dévoiement des prises de paroles féministes et anti-âgistes ». Contactée dans l'après-midi, Sylvie Boulanger a réagi en affirmant : « Je ne sais pas ce que j'ai fait, en 25 ans il y a forcément des choses qui se passent mal. Le conseil d'administration ne m'a jamais rien dit ». Selon l'ancienne directrice du Cneai, la DRAC Île-de-France serait responsable de la radiation de TRAM : « Il y a peut-être derrière cela la volonté de fermer le lieu », suggère-t-elle. De son côté, Steven Hearn, président du conseil d'administration, affirme n'avoir jamais reçu d'alerte depuis son arrivée en 2019. Il admet cependant que « des choses n'étaient pas suffisamment tracées » ou encore que « Sylvie Boulanger gérait le Cneai très personnellement ».