À Versailles, une bataille judiciaire est venue remettre en question une décision présidentielle, déjà contestée dans le petit milieu du patrimoine. À l'origine de l'affaire, un conflit oppose le château et l'un de ses conservateurs, rapporte Le Monde : Alexandre Maral, responsable du département des sculptures, a été « suspendu de ses fonctions en mars pour avoir organisé des visites privées et tenu des conférences rémunérées en dehors de tout cadre réglementaire ». Mis en garde à plusieurs reprises par Laurent Salomé, directeur du château, le conservateur a cependant continué ses prestations payantes pour VIP. Soit 37 visites en 2022, pour la coquette somme de 15 000 euros, plus 8 000 euros pour des conférences. En mars 2023, Alexandre Maral était suspendu de ses fonctions à titre conservatoire, avec exclusion temporaire de deux ans et retrait de son appartement de fonction, pour des faits « susceptibles d’être qualifiés de délit de concussion, de corruption passive, d’abus de confiance et de détournement de fonds publics, constituant un manquement grave et répété aux obligations qui s’attachent à sa qualité d’agent public et à ses fonctions de conservateur du patrimoine », annonçait le 6 juillet un arrêté du gouvernement. Jusqu'à un rebondissement de taille : le 25 septembre, le juge des référés du tribunal administratif de Versailles a suspendu l’exécution de la sanction, émettant « un doute sérieux sur (sa) légalité quant à sa proportion au regard des faits reprochés ». Il poursuit : « Il ne ressort pas des pièces du dossier qu'(Alexandre Maral) aurait tenté de dissimuler la perception de sommes d’argent à l’occasion de ces visites guidées, l’existence de ces versements ayant notamment été établie par les factures qu’il avait dressées ». L'angle de défense du conservateur est quant à lui surprenant : invoquant le droit à faire « œuvre de l’esprit » dans ces conférences, son avocat Me Emmanuel Glaser avance par ailleurs que « la décision est intervenue d’une autorité incompétente puisque Catherine Pégard a dépassé depuis plus de deux ans la fin de son troisième mandat à la présidence du château de Versailles ». Une prolongation hors du cadre légal décidée directement par l'Élysée, et qui serait sur le point de prendre fin. Le tribunal administratif n’a pas statué sur ce point. En attendant une audience, Alexandre Maral a repris ses fonctions, mais il ne pourra pas réintégrer l'appartement qu'il occupait dans le château.