Le Quotidien de l'Art

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Les gros yeux

Les gros yeux

Ces deux grands yeux qui nous observent depuis la terre ferme, certains d’entre nous les ont peut-être déjà remarqués lors d’un atterrissage ou d’un décollage à Roissy. Conçu par l’artiste, architecte et urbaniste Antoine Grumbach, né en 1942 et dont l’œuvre est représentée par la galerie Bucher Jaeger, ce projet écologique intitulé Les Yeux du Ciel s’avère remarquable à bien des égards. Implantée à Villeneuve-sous-Dammartin, sur un plateau de 30 mètres de haut qui s’étend sur 200 hectares et servait de sablière au temps des Romains, l’œuvre se nourrit des terres excavées des chantiers d’Île-de-France (dont les tunneliers du Grand Paris), qu’un ballet incessant de camions vient déposer quotidiennement. Ces terres suivent une économie circulaire vertueuse, et deviennent ainsi le socle d’une œuvre hors norme (400 mètres de long et 170 de large pour chaque œil) que l’on rangerait volontiers du côté du land art. Mais que son créateur préfère qualifier d’« aerial art » : soit une œuvre-paysage qui se contemple donc depuis les airs, à l’image des géoglyphes de Nazca au Pérou. Alors que l’existence de l’œil ouest, appelé « Icare », sera rendue publique lors des prochaines Journées du patrimoine, sa « pupille » accueillera un musée de sculptures en plein air ouvert aux curieux. L’autre œil, « Dédale », sera, quant à lui, occupé par un labyrinthe végétal. L’ensemble, peuplé de plus de mille chênes et érables ainsi que de talus, servira d’abris à la biodiversité – notamment pour des échassiers. Le site de réutilisation des terres, aménagé par la société ECT, est amené à évoluer : il laissera la place à de vastes champs, alors qu’à l’horizon 2030, la ligne de métro 17 passera à un kilomètre de là. Un nouvel écosystème est en voie de naître…

Article issu de l'édition N°2666