Plaies, cicatrices : l’art occidental, imprégné de pathos chrétien, regorge de ces signes ostentatoires de corps souffrants. Stade intermédiaire, la croûte — cette « formation dure résultant de la dessiccation d'un exsudat », dit l’Académie de médecine – a moins fait l’objet de représentations. Dans l’art la croûte, c’est la mauvaise peinture. L’anglais scab désigne aussi une personne vile. C’est cette polysémie que la curatrice Madeleine Planeix-Crocker explore dans la courte et dense exposition « Scabs », « incursion dans les vies physiques et symboliques des croûtes qui dérangent, démangent et excèdent ». Réunis par une esthétique organique du flottement et du suintement, le poème de CAConrad (« mange un éclat de ton sang séché »), le patchwork collectif d’Ève Gabriel Chabanon, les strates inter-espèces de Mimosa Echard, les appendices de Tarek Lakhrissi, la pièce de monnaie non-binaire de Ndayé Kouagou, les Pains retrouvés de Hayoung et les seuils cosmiques dessinés par Tai Shani sont autant de passages, à la fois scabreux et transgressifs.
« Scabs », Mécènes du Sud, Montpellier, jusqu’au 30 septembre.
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