Si la Principauté accueille un prestigieux vivier de collectionneurs, dont les milliardaires David Nahmad ou Laurent Asscher, son marché était jusqu'alors éclipsé par celui des capitales artistiques mondiales. Monaco est cependant le pays avec la plus forte densité de fortunes au monde : 199 personnes détiennent des actifs de 30 millions de dollars ou plus, sur une population de 39 000 habitants, tandis qu’environ 7 personnes sur 10 sont millionnaires, selon une étude menée par le cabinet de conseil Knight Frank. Le terrain semblait donc idéal pour y installer un salon, d’autant plus qu’il présentait d’autres atouts tels que son port franc (ndlr : entrepôt permettant d'exporter une œuvre en totale suspension de droits de douane et de taxes) créé en 2012 à l’initiative du gouvernement princier. Depuis l’implantation d’artmonte-carlo, « l'écosystème artistique monte en valeur chaque année, avec par exemple l'arrivée d'Hauser & Wirth, et est complété par l’offre de l’ensemble de la Côte d’Azur », soulève Karolina Blasiak, art advisor basée dans la ville-État depuis cinq ans. En misant sur une sélection resserrée de propositions de qualité, le salon a ainsi contribué, selon Augustin Nounckele, directeur associé de la galerie monégasque Retelet, à « encourager les collectionneurs plus chevronnés à acheter à Monaco mais aussi à éduquer le goût des amateurs », Déjà très plurielle, en raison du nombre de nationalités brassées à Monaco –139 au total – la scène locale de collectionneurs se serait encore plus diversifiée depuis le Brexit. Karolina Blasiak, qui travaille notamment avec des clients suisses et allemands basés à Monaco, a pour sa part remarqué l’implantation de jeunes résidents étrangers friands d’art émergent. Un phénomène jusqu’alors plus rare, la plupart des collections particulières étant plutôt riches en grands maîtres, artistes contemporains confirmés et design. Le vent serait-il en train de tourner ? « Pendant longtemps, les gens n’associaient pas Monaco à l’art. Petit à petit, grâce à la foire, cela est en train de changer », conclut Augustin Nounckele.