C'est tout un symbole. Réalisé par Andy Warhol, c'est le portrait de feue la reine Élisabeth d'Angleterre, dont le profil frappe encore la monnaie canadienne (le pays appartenant toujours au Commonwealth britannique), que la Winnipeg Art Gallery (Manitoba) a choisi de vendre afin d'acquérir des œuvres d'artistes contemporains autochtones. Le musée, situé dans le centre du Canada, ne possède dans ses collections qu'1 % de pièces d'auteurs amérindiens. Le produit de la vente est estimé à 900 000 dollars canadiens (environ 630 000 euros). Sur Radio Canada, le directeur du musée, Stephen Borys, explique avec pragmatisme : « C'est le symbole de la colonisation et aussi l'œuvre qui nous permet d'atteindre notre objectif en termes de revenus financiers ». Cette réflexion vers l'« autochtonisation » va dans le sens d'une décolonisation du musée dont les pistes de réflexion se multiplient au Canada, notamment au musée des Beaux-Arts de Montréal, comme l'indiquait récemment son directeur Stéphane Aquin dans un entretien à l'Hebdo.