Ça n'est pas un secret : Pierre Boulez (1925-2016) était passionné de peinture. Le compositeur du Marteau sans maître était autant fasciné par le rythme des compositions de Paul Klee, auquel il consacra un livre (Le Pays fertile, en 1989), que par le synthétisme de Cézanne, le cubisme analytique de Braque et Picasso, l'expressionnisme espiègle de Philip Guston ou celui, plus éthéré, de Zao Wou-Ki, auquel il confia les pochettes de la collection « Les Concerts du Domaine musical ». Tableaux, sculptures, dessins et estampes entouraient le chef d'orchestre et fondateur de l'Ircam, installé à proximité immédiate du Centre Pompidou dans la volonté de faire côtoyer art et musique contemporaine. Le 7 juin prochain, sept ans après la mort de Pierre Boulez, les œuvres provenant de son appartement de Baden-Baden seront dispersées à Paris, chez Artcurial. Maria Helena Vieira da Silva, Jean Tinguely, Alberto Giacometti, Joan Miró, Zao Wou-Ki, Alejandro Otero, Paul Klee, Jean Cocteau, Philip Guston, Pierre Soulages, Francis Bacon : les noms rassemblés forment un véritable kaléidoscope pictural du XXe siècle. Parmi les pépites de cette vente, citons un portrait au crayon de Stravinsky par Giacometti (estimé 30 000-40 000 euros) et un autre par Cocteau (4000-5000 euros), une grande huile sur toile, Hiver, de Vieira da Silva (80 000-120 000 euros), un ensemble d'esquisses pour la fontaine Stravinsky qui coiffe l'Ircam, par Tinguely (25 000-35 000 euros), plusieurs encres de Guston, « cadeaux de John Cage à Pierre Boulez » (25 000-55 000 euros), mais aussi un bureau et une table basse à trois pieds et plateau de verre dessinés pour le musicien par Andrée Putman (1500-3000 euros).