Étoile montante du parti Renaissance, député des Français de l'étranger (Europe du Nord), membre de la commission des finances, président du conseil de surveillance de la Caisse des Dépôts, Alexandre Holroyd, 35 ans, a remis hier à la ministre de la Culture son rapport sur la situation des Écoles nationales supérieures d'architecture. Après six mois d'enquête avec une quarantaine d'interlocuteurs, ce document de 102 pages esquisse des pistes de réforme pour un secteur touché par un mouvement social. Parti de Rouen et de la Villette cet hiver pour souligner l'insuffisance des moyens, il a reçu une timide réponse avec les 3 millions promis par Rima Abdul-Malak pour améliorer la vie étudiante et le recrutement de 5 chargés de mission. Dressant le tableau d'un secteur comptant 20 établissements pour 20 000 étudiants, avec 233 millions de subventions de l'État (en progression de 25 % en 4 ans), le rapport souligne la tutelle insuffisante de la Culture (qui se matérialise par une incongruité : l'absence de ses représentants aux conseils d'administration des ENSA), mais qui reste paradoxalement paralysante (les emplois étant dépendants de l'admininistration centrale, le moindre remplacement pour congé de maternité devient un casse-tête). Ce pilotage imprécis a été perceptible sur de simples statistiques lors de l'audition lundi après-midi à la commission des finances. D'un côté, la ministre a avancé que 90 % des diplômés exerçaient en tant qu'architectes et que les étudiants extracommunautaires ne constituaient qu'une infime minorité des effectifs. De l'autre, le rapporteur spécial a souligné que seul un tiers des diplômés pratiquaient finalement le métier d'architecte et que le destin des autres était mal connu. Militant pour des droits accrus envers les étudiants hors Union européenne (rappelant que l'inscription en premier cycle ne coûte que 373 euros contre 1 300 euros en Espagne ou 35 000 livres en Grande-Bretagne), il a indiqué que 15 % des étudiants étaient étrangers, 9 des 10 nationalités les plus représentées étant hors UE. Derrière cette querelle de chiffres qui illustre une connaissance insuffisante de la sociologie du milieu, le rapporteur défendait la politique de droits différenciés comme source de revenus (le ministère de la Culture est le seul à ne pas appliquer cette disposition qui pose de sérieuses questions éthiques, notamment vis-à-vis des étudiants de pays pauvres). Deux autres suggestions ont été avancées pour pallier le manque chronique de moyens. La première est de se regrouper au sein de clusters d'établissements publics expérimentaux (EPE) pour bénéficier de synergies avec d'autres écoles (d'ingénieurs notamment). La deuxième est de développer les ressources propres, notamment dans la formation : les architectes en activité sont tenus à 20 heures de formation continue par an et les ENSA, qui devraient être référentes en la matière, voient ce marché lucratif leur échapper à peu près complètement. En filigrane, le tableau brossé est celui d'un archipel d'écoles peu en contact avec le secteur privé et le monde du travail (1 % d'alternance alors que le taux est de 15 % en écoles d'ingénieurs), illustrant les limites du modèle français d'une architecture davantage liée au monde des beaux-arts qu'à celui de l'ingénierie et finalement en sous-effectifs (0,4 % d'architecte pour 1 000 habitants en France contre 1 dans le reste de l'Union).