Nées dans les années vingt, les architectes Gae Aulenti, Phyllis Lambert et la critique d’architecture, un temps, du New York Times Ada Louise Huxtable font toutes trois l’objet d’une exposition passionnante. À travers leurs actions « dans un métier d’homme », elles ont marqué l’histoire de leur discipline. Actives dans l’après-guerre, en pleine période de reconstruction, elles ont à Paris, New York et Montréal articulé le passage du modernisme (Seagram Building de Mies van der Rohe, commandé par la famille de Phyllis Lambert à New York) au post-modernisme (gare d’Orsay de Gae Aulenti) puis à la préservation des centres villes (Phyllis Lambert à Montréal). Leurs actions forment ainsi un corpus et une démarche que cet accrochage met en lumière d’une manière tout à fait originale. Toutes ont bataillé pour que l’architecture et l’avenir urbain soient pris en charge par les citoyens eux-mêmes. Nombre de documents exposés, photos des bâtiments en pierres grise de Montréal, lettres et articles de Huxtable, élévations et dessins de la gare d’Orsay et même photos de famille… proviennent du fond constitué par le CCA, le Centre canadien d’architecture. Cette fondation édifiée dans un style brutaliste à la demande de Phyllis Lambert, autour d’une maison traditionnelle préservée, est un des hauts lieux de l’architecture dans le monde. De ce trio féminin de choc, seule Phyllis Lambert, née en 1927, est toujours en vie. Juste rétribution pour une architecte résolue à célébrer le patrimoine et ses actrices.
« Histoires croisées. Gae Aulenti, Ada Louise Huxtable, Phyllis Lambert » jusqu'au 17 mai, au Canadian Culture Centre, 130, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008. Catalogue Skira.
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