Si les voyages forment la jeunesse, ils sont aussi un formidable terrain d’apprentissage pour les photographes. Dans le cas de Bernard Plossu, cette expérience ne cesse jamais de se renouveler car l’essentiel de sa pratique photographique commencée au Mexique en 1965 est intrinsèquement lié à l’idée de découverte du monde et de l’autre. Cela n’en fait pas pour autant un photographe documentaire car chez lui le reportage prend la forme de récits visuels subjectifs dans lesquels la sensibilité, la poésie et le point de vue empreint d’humanité ont toute leur place. Dans son parcours, les années américaines, qui donnent le titre à l’exposition, tiennent une place à part. Elles ont forgé son regard au fur et à mesure qu’il est passé du stade de la découverte du visiteur de passage à celui de résident permanent dans ce pays qui a tant fait rêver sa génération ; c’est-à-dire de l’éblouissement de la fascination à la connaissance profonde. Ces années, qui sont aussi celles de ses vingt et trente ans, sont à réexplorer à travers des images inédites grâce à la redécouverte de six boîtes contenant près de 860 bobines et plus de 200 tirages. Parmi ces trésors à contempler à La Fab., lieu du fonds de dotation agnès b. à Paris, cette vue saisie en Californie : les grands espaces, le monde à l’état brut et ce poteau électrique, indice de la présence humaine.
« Bernard Plossu, Les années américaines - Images inédites 1966-1985 », jusqu'au 28 mai.
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