Elle s'est éteinte le 15 avril, deux jours à peine après l'inauguration, au Musée d'Art Moderne de Paris, de sa toute première exposition personnelle. Née à Paris en 1928, la sculptrice Hélène Garache « a suivi la préparation de son exposition jusqu'à la veille du montage. C'est très frustrant qu'elle n'ait pas pu y assister », regrette la conservatrice Fanny Schulmann. Formée au dessin et à la sculpture classique française dans l'atelier de Robert Coutin entre 1947 et 1951, elle y rencontre le peintre Claude Garache qui deviendra son mari en 1958. En 1951 et 1954, elle réalise deux commandes de statuaire publique à Saint-Germain-en-Laye avant de choisir, à 30 ans, de se tourner vers le modelage et la terre-cuite. « Dès lors, elle ne travaillera plus que ça », poursuit Fanny Schulmann. « Ensuite, elle a été très occupée par sa vie personnelle, détaille la conservatrice. Elle a continué de créer mais ne va pas forcément chercher à diffuser son travail ». « L'oeuvre d'Hélène Garache eut une existence clandestine. Elle fut reconnue comme sculptrice par Miro et de grands artistes, tout en restant en marge du milieu de l'art », ajoute l'écrivain et éditeur Amaury Nauroy qui nous raconte aussi qu'Hélène Garache a fait « la sculpture qu'on voit au début du film d'Alain Resnais, L'Année dernière à Marienbad » en 1961. Et de poursuivre : « Une des grandes originalités de l'artiste est d'avoir introduit dans le langage de la sculpture des sujets qui, jusqu'alors étaient réservés aux arts dits de surface comme la peinture, le dessin, la gravure ou la photographie. Au moment où elle a entamé son travail sur le motif, à savoir dans les années soixante, aucun artiste ne sculptait des paysages. Ce n'était pas du tout la mode ». Quelques unes de ses pièces sont exposées en 2019 en vitrine du comptoir des éditions Le Bruit du temps. Puis, une sculpture du Mont-Blanc fut montrée dans l'exposition Les Flammes au MAM. Au sein du nouvel accrochage des collections contemporaines du MAM inauguré le 14 avril, « Mondes paralèlles », ses sculptures en terre glaise traitent les grands paysages et éléments naturels : cascades, montagnes, forêts... Comme des êtres dont elle façonne le portrait, les paysages sont aussi l'occasion pour elle de modeler ses émotions . « Sa démarche est presque scientifique et en même temps très sensible, intime », ajoute à ce propos Fanny Schulmann. En tout, une vingtaine de pièces de l'artiste y sont présentées.