Le Quotidien de l'Art

De l’intranquillité de la surface

De l’intranquillité de la surface
Isabelle Ferreira, "Par la nuit (#3)", 2022, papier déchiré sur reproduction de photo Lapie, 27 x 45 cm.
© Photo Rebecca Fanuele/Adagp, Paris 2023.

BOURSE EKPHRASIS / ADAGP

Il est primordial pour un artiste de disposer d’un texte critique de qualité sur son travail. C'est le souhait d'encourager ce format d'écriture qui est à l'origine des bourses Ekphrasis, lancées par l'ADAGP en association avec l’AICA France et le Quotidien de l’Art : elles ont pour objet de mettre en relation 10 artistes avec autant de critiques. Les textes des 10 lauréats de cette troisième édition (dotés chacun de 2 000 euros, couvrant la rédaction du texte et sa traduction) sont publiés au long de l'année dans le Quotidien de l'Art, au rythme d'un par mois. Dans cette quatrième livraison de 2023, Fabienne Bideaud se penche sur le travail d'Isabelle Ferreira.

Dans un dialogue permanent entre surface et espace, contrôle et lâcher-prise, Isabelle Ferreira poursuit son corps à corps avec la matière et soulève de nouveaux enjeux formels en nous livrant ces dernières années des récits plus personnels qui lient le politique à l’intime.

« Je viens de récupérer un arbre de 12 m de long que j’ai transporté sur le toit de ma voiture ». Cette anecdote, évoquée par l’artiste lors de l’un de nos entretiens[1], retient mon attention, l’image mentale qu’elle génère me fait sourire et me renvoie au déplacement, à l’arpentage des territoires qu’Isabelle Ferreira opère dans son travail de façon à la fois conceptuelle et physique, qu’il s’agisse de l’espace de la peinture, de la sculpture, ou encore de questionner notre mémoire collective.

Ce déplacement est déjà présent dans des travaux plus anciens tels que sa vidéo Tableau de 8 minutes datant de 2003 où l’artiste gravit un terril, cette montagne des sous-sols, dont elle excave aujourd’hui des histoires plus souterraines, intégrant une dimension narrative tout en renouant avec la figuration de ses premières œuvres. L’ensemble de son projet L’invention du courage (O Salto) convoque son histoire liée à l’immigration portugaise en France au début des années 60, et investit un ensemble d’œuvres ayant comme point de départ des photographies d’identités d’anonymes. En effet, ces…

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Article issu de l'édition N°2588